135e congrès, Neuchâtel, 2010 - Paysages

vendredi 9 avril 2010 - 14:00


Thème 3 - Paysage identitaire, paysage patrimonial

Sous-thème : 3.2 - Paysage et identité

Chapitre : Paysage, élément de construction d'une identité

Titre : Murettes et cyprès dans les champs du Poitou

Président : CORBET Patrick, professeur d'histoire du Moyen Âge à l'Université Nancy II, directeur de l'UFR sciences historiques et géographiques

L’édit de Nantes admet les protestants mais doit rassurer les catholiques : un cimetière pour chaque Église. En moyen Poitou, cette ségrégation symbolise la crise religieuse. La cour des Grands Jours de Poitiers entame les hostilités en 1634 ; on réglemente en heure, modalités et assistance les enterrements protestants. Certains ont alors recours au secret de leur champ, sans pierre  ni cyprès. Le risque d’exhumation et de procès au cadavre s’accroît au début des dragonnades (1681) et à la Révocation : désormais, plus de RPR, donc plus de cimetières séparés ; cimetière catholique obligatoire. Les obstinés, ceux qui n’ont pu fuir  au Refuge et n’ont abjuré que des lèvres, sont enterrés de nuit dans la campagne, au péril de la dénonciation et du supplice de la claie. Une déclaration de 1724 renforce la terreur mais le roi, en 1736, inaugure une certaine tolérance : les protestants osent maintenant marquer d’une pierre, d’un cyprès, d’un enclos, leurs tombes familiales. Depuis 2002, une association protège et entretient ces témoignages des souffrances passées. Des familles les utilisent, quelles qu’aient été les croyances de leurs morts.

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M. Roger DURAND, Professeur honoraire de lettres classiques

Membre des sociétés savantes :
Association pour la sauvegarde des cimetières familiaux poitevins, Membre
Maison du protestantisme poitevin, Membre
Société historique et archéologique du Val de Sèvre, Membre
Société historique et scientifique des Deux-Sèvres, Administrateur