135e congrès, Neuchâtel, 2010 - Paysages

mercredi 7 avril 2010 - 09:00


Thème 3 - Paysage identitaire, paysage patrimonial

Sous-thème : 3.3 - Marketing territorial et paysages touristiques

Chapitre : La consécration des paysages

Titre : La construction toponymique d'un paysage touristique : la vallée de Chamonix et le massif du Mont-Blanc

Président : TISSOT Laurent, professeur à l'Université de Neuchâtel, président du Comité international pour l'histoire du tourisme et du voyage

Lorsque Windham, le premier voyageur venu en 1741 en vallée de Chamonix, décrivit les montagnes et les glacières, il ne disposait d’aucun toponyme pour désigner ce qu’il voyait, pas même la Mer de Glace qu’il comparait à un « lac agité d’une grosse bise et gelé tout d’un coup », inaugurant ainsi la métaphore qui vaudra son nom au glacier. Trois quarts de siècle plus tard, le récit que Victor Hugo nous a laissé de son voyage dans les Alpes en 1825 nous montre une vallée de Chamonix où le tourisme a commencé à s’organiser. La mise en scène du paysage semble codifiée, et la douzaine de toponymes cités dans ce texte assez court indique une première structuration du territoire touristique : chaque toponyme capable de désigner un pic, un glacier, ou un rocher remarquable est mobilisé pour donner au tableau plus d’authenticité. L’hypothèse faite ici postule que la fixation de cette toponymie de détail accompagne la mise en tourisme. Les noms de lieux sont d’autant plus nécessaires pour dire le paysage que le vocabulaire descriptif de la haute montagne est encore assez pauvre ; ils apportent la touche de précision que la langue ne permet pas encore. Des relevés précis, dans le corpus disponible et sur carte, viseront à valider cette hypothèse.

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M. Christophe GAUCHON, Maître de conférences en géographie à l'université de Savoie - Mont-Blanc, Membre du laboratoire Environnements, dynamiques et territoires de montagne (EDYTEM)