135e congrès, Neuchâtel, 2010 - Paysages

mercredi 7 avril 2010 - 14:00


Thème 3 - Paysage identitaire, paysage patrimonial

Sous-thème : 3.3 - Marketing territorial et paysages touristiques

Chapitre : Protection et réhabilitation des paysages

Titre : La réhabilitation d'un héritage paysager : les landes à bruyère dans la vallée de la Creuse

Président : TISSOT Laurent, professeur à l'Université de Neuchâtel, président du Comité international pour l'histoire du tourisme et du voyage

Les paysages aux alentours de Crozant-les-Ruines (département de la Creuse, France) ont été mis en valeur par une école de peinture locale « l’école de Crozant ». De grands artistes comme Monet ("La Creuse, soleil couchant", huile sur toile, 1889), Guillaumet et Alluaud y sont venus pour dessiner et saisir les mouvances des paysages de gorges et de landes. Cette peinture a laissé son empreinte et fixé le paysage d’une époque. Encore à la fin du XIXe, les landes dominaient à perte de vue. De nos jours, ce paysage a presque disparu mais des associations et des collectivités locales tentent de réhabiliter des morceaux des anciennes landes à bruyère au nom du caractère identitaire de ces paysages. Les landes sont d’abord un milieu biophysique avec des caractéristiques précises et originales et une partie des restes de landes est depuis peu classée (espaces naturels sensibles). Une comparaison de cartes postales anciennes, de peintures et de photos actuelles prises au même endroit, selon le même angle de vue, permet, dans certains sites spectaculaires, de décrire précisément l’évolution et la dynamique du paysage, mais surtout d’apprécier combien imaginaire, regards, peinture et paysage ont des liens forts et anciens qui pèsent profondément sur les décisions et les réflexions contemporaines. Plusieurs acteurs remettent en état des résidus de landes selon plusieurs techniques. Les motivations de ces réhabilitations sont bien entendu patrimoniales (identité régionale et projet artistique) et également écologiques et paysagères. Au bout du compte, la principale motivation est touristique même si des différences de vision existent entre gestionnaires et visiteurs. Le paysage sur lequel s’appuient les autorités communales et régionales est celui transmis par la peinture. Grâce à celle-ci, on met en avant le particularisme régional, on lui fournit une valeur (démarches artistiques : œuvres de sculpteurs locaux sur le sentier de la commune de Saint-Plantaire dans les landes remises en état, appelé « sentier des arts) et on essaie de « vendre » du patrimoine (développement de la notion de « haut lieu » régional : village de Fresselines, site de la vallée des Deux Creuse et site Claude Monet). Nous retrouvons ceci dans le sud de la Creuse et le Limousin.

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M. Alain GÉNIN, Maître de conférences en géographie à l'université François-Rabelais, Membre du laboratoire Cités, environnement, territoires, sociétés (CITERES, UMR 7324, CNRS)

Membre de la société savante :
Groupe d'histoire des forêts françaises, Membre

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M. Alexis GONIN, Étudiant à l'université François Rabelais de Tours