136e congrès, Perpignan, 2011 - Faire la guerre, faire la paix

mercredi 4 mai 2011 - 08:45


Colloque pré-protohistoire

Sous-thème : II. Suite 2 : la panoplie du guerrier

Titre : La nécropole de Chaillon « Fonzelles-Maucourt » (Meuse) : une population de guerriers ?

Présidents :
BUCHSENSCHUTZ Olivier
, directeur de recherches au CNRS
ROUX Michel , professeur agrégé d'histoire à l'université de Perpignan Via Domitia

La nécropole de Chaillon présente une organisation particulière : les vingt-trois inhumations qui la composent ne se trouvent pas dans des monuments funéraires mais se développent en rangées longitudinales parallèles orientés est-ouest. Onze sépultures sont masculines, onze sont indéterminés (dont un immature) et une est féminine. Quatre sépultures à armes ont été identifiées dont trois avec des panoplies. En règle générale, chaque alignement possède une sépulture masculine comportant une panoplie d’armes sauf dans le quatrième où il s’agit d’une tombe féminine probablement avec torque ayant livré du mobilier précieux (perles en ambre et en corail). D’un point de vue chronologique, il semble que la nécropole se soit développée du nord vers le sud du Hallstatt D2 au Hallstatt D3 (voir le début de La Tène A1). Cette hypothèse s’appuie sur les datations respectives des sépultures et sur l’évolution technologique des dagues. L’organisation en rangées parallèles trouve des points de comparaison à l’ouest dans certaines nécropoles de la culture Aisne-Marne, elles aussi organisées autour de sépultures à armes ou à torques, parfois dès le Hallstatt D mais principalement à La Tène A-B. Dans la mesure où le sexe d’un peu moins de la moitié de la population de la nécropole de Chaillon n’est pas déterminé, il faut rester prudent sur l’interprétation des données anthropologiques qui se trouve ainsi biaisée. Ces dernières mentionnent un recrutement de population qui pourrait être « non naturel », composé essentiellement d’individus masculins inhumés parfois avec des armes. Si les fers de lance ne sont pas atypiques, la présence de deux garnitures de hampe en alliage cuivreux est exceptionnelle et possède quelques rares comparaisons en Champagne. Les éléments métalliques issus du renfort d’un bouclier correspondent à l’une des plus anciennes attestations directes de cette arme en Europe non méditerranéenne. Les trois dagues jogassiennes trouvent de fortes affinités avec le groupe d’Aisne-Marne. Un poignard à antennes montre quelques parallèles avec des exemplaires du sud-ouest de l’Allemagne. Il est intéressant de souligner l’existence de traumatismes guerriers sur deux individus inhumés dans des tombes modestes sans déposition d’armement autre que celui lié aux blessures (extrémité d’un fer de lance à l’intérieur d’un fémur et bloc crânien transpercé par un fer de lance). Ce type de traumatisme est très probablement inédit dans le domaine hallstattien.

--
M. Michaël LANDOLT, Archéologue à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) Grand Est, site de Metz, Membre associé au laboratoire Archéologie et histoire ancienne, Méditerranée, Europe (ARCHIMÈDE, UMR 7044, CNRS)