137e congrès, Tours, 2012 - Composition(s) urbaine(s)

jeudi 26 avril 2012 - 14:00


VII. Les dimensions sensibles de la composition urbaine

Sous-thème : VII. Les dimensions sensibles de la composition urbaine - 2 - salle 08

Titre : Traces et tracés de l’identité brignolaise de 1900 à nos jours

Présidents :
LE CLECH-CHARTON Sylvie
, conservateur général du patrimoine, directrice scientifique des Archives nationales, Fontainebleau
SOT Michel , professeur d'histoire médiévale à l'université Paris IV - Sorbonne

La commune de Brignoles, sous-préfecture du département du Var, occupe l’extrémité sud-est d’une cuvette bordée de massifs de collines et traversée d’est en ouest par la rivière Carami. Ce cours d’eau limite côté nord l’espace aggloméré et définit le tracé des déviations qui, au fil des siècles, écartent de plus en plus les grands axes de circulation du noyau urbain. La ville actuelle s’enroule en anneaux dissymétriques autour du promontoire qui porte la cité médiévale, fief et villégiature des Comtes de Provence. Malgré cette extension du bâti et la complexification du réseau routier, Brignoles reste une ville « de l’entre-terres » (dissociée du rivage, invisible, et des montagnes alpines, aperçues au loin, par des rideaux successifs d’élévations) et une ville de passage (ce n’est pas sans raison qu’elle est nommée « ville des diligences »), qui exprime tout au long du XXe siècle et jusqu’à aujourd’hui son caractère à la fois rural et ouvrier, paysan et bourgeois, périphérique et central.
Nous proposons d’explorer cette identité affichée de la ville à travers le marquage signalétique de l’espace urbain et de ses abords suivant trois registres. En premier, nous analyserons l’implantation et l’évolution du bâti, de la voierie, des lieux ouverts et fermés, des entailles portées et des formes dessinées sur le sol par les nœuds routiers, carrefours et autres giratoires, que les communes décorent d’artefacts identitaires constituant autant de mises en écrit de la vision du territoire. Ensuite, les odonymes nous rappelleront la configuration géographique et l’histoire spécifiques des lieux ainsi que l’évolution des mentalités. Enfin, seront présentés les fresques, trompe-l’œil, frises décoratives et autres plaques, stèles ou affichages, qui traduisent une perception spatiale (par quartiers) de la ville, les besoins d’imitation et de distinction de ses habitants et des ancrages de la population dans une histoire événementielle vraie ou plus ou moins fantasmée. Placés sur les articulations entre les différentes époques du bâti, sur les accès routiers et les entrées du centre aggloméré, sur les dépliants publicitaires et les annonces des manifestations, ces éléments célèbrent des points-clés du paysage urbain et campagnard et de l’espace « sauvage » de la colline, rappellent le contexte rural et la viticulture, soulignent l’épopée de la bauxite et élargissent le cercle protecteur des monuments dédiés aux morts (mais aussi à saint Louis d’Anjou) instaurant de véritables « litholâtries ». Réalisé dans toute la gamme des verts (colline et campagne) et des rouges (vin, bauxite mais aussi marbre rose ou prune de Brignoles), ce graphisme urbain et territorial entend exprimer une mémoire collective profonde voire même un « esprit des lieux ».

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Mme Adamandia ACOVITSIOTI-HAMEAU, Anthropologue, Directrice du musée de la Glace (Mazaugues, Var)

Membre des sociétés savantes :
Association de sauvegarde, d'étude et de recherche sur le patrimoine du Centre-Var, Membre
Société scientifique internationale pour l'étude pluridisciplinaire de la pierre sèche, Secrétaire générale

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M. Philippe HAMEAU, Maître de conférences en anthropologie à l'université Côte d'Azur (Nice)

Membre des sociétés savantes :
Académie du Var, Membre
Association de sauvegarde, d'étude et de recherche sur le patrimoine du Centre-Var, Président