137e congrès, Tours, 2012 - Composition(s) urbaine(s)

mardi 24 avril 2012 - 09:00


Colloque 3. Quelles formes spatiales pour le développement urbain durable ?

Sous-thème : Développement urbain durable - 2 - amphi 1

Titre : La représentation du développement durable chez les élus des petites communes d’Île-de-France, un indicateur potentiel de durabilité ?

Présidents :
BLANC-PAMARD Chantal
, directeur de recherche au CNRS, membre de l'UMR 194 EHESS-IRD, CEAF (Centre d'études africaines)
SERVAIN-COURANT Sylvie , maître de conférences en géographie à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois, membre de l’équipe IPAPE (Ingénierie du projet d'aménagement paysage et environnement, UMR 6173 CITERES (Cités, territoires, environnement, sociétés), CNRS-université de Tours François-Rabelais

Le rapport Brundtland (1987) est l’une des étapes les plus marquantes dans l’émergence progressive du concept de développement durable au niveau international. En le définissant comme le moyen de « s’efforcer de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité de satisfaire ceux des générations futures », il place de fait la conservation de l’homme et de son territoire au cœur des préoccupations politiques et contraint les décideurs à modifier leur appréhension, leur gestion et l’organisation du territoire ; ce qui n’est pas sans difficultés au vu de l’éventail de thématiques différentes que met en avant le concept. En effet, cette définition s’appuie sur les principes scientifiques empruntés à l’écologie auxquels s’ajoutent des valeurs éthiques et morales sociétales. C’est en partie cette difficile traduction territoriale et sémantique du concept qui explique la lente application de la notion sur les territoires français. En outre, il y a aujourd’hui autant de représentations et d’interprétations du développement durable qu’il y a de territoires, et nombreux sont les auteurs qui s’accordent à le qualifier de « grand flou sémantique » (Jollivet M., 2001 ; Besancenot F., 2008) ou de concept « valise » (Mancebo F., 2007) ; tout en reconnaissant qu’il apparaît cependant comme l’ultima ratio, des politiques d’aménagement » (Watcher S., 2002). À cela s’ajoute l’espace sur lequel prend effet le développement durable, à savoir le territoire. Ce dernier n’est pas neutre, « le territoire est un support de formation de l’identité individuelle et collective, avec des comportements d’agrégation, de ségrégation et d’exclusion » évoque Roger Brunet (1993), en ajoutant que le territoire est « quelque chose que l’on intègre comme partie de soi » et que l’on est donc prêt à revendiquer. La perception d’un territoire et la relation qu’un individu entretient avec celui-ci influe sur son organisation, son aménagement, sa gestion et sa protection (Bonnemaison J., Cambrezy L., Quinty-Bourgeois L., 1997). De même, la représentation que les décideurs ont du développement durable conditionne et oriente l’aménagement et la composition urbaine du territoire. La question de la représentation du développement durable renvoie à celle de l’appropriation du terme par les élus. En effet, de quelle façon le concept est-il réapproprié et utilisé par les décideurs du territoire ? Est-il revendiqué et si oui, par quels discours et/ou par quels démarches ou actions ? À l’opposé le développement durable est-il rejeté et mal perçu ? La représentation que les élus se font de la notion peut aider à comprendre où sont les blocages et les difficultés dans la mise en œuvre du concept sur les territoires. À la suite d’une première enquête menée en région Île-de-France par Ekopolis en avril 2010, l’attention s’est portée sur les petites communes de moins de 10.000 habitants qui semblent avoir des difficultés à appliquer le développement durable, associant celui-ci davantage à une action ponctuelle ou à une gestion de services à l’environnement, là où il devrait être compris comme un nouveau mode de gouvernance territorial articulant les principes fondamentaux qui sont la participation, la coopération, la transversalité et l’évaluation des politiques, des projets et des programmes. L’ambition de la recherche est de faire ressortir les raisons qui peuvent expliquer les blocages existants dans la mise en œuvre du développement durable à l’échelon local ; l’objectif dans un second temps est de pouvoir étendre les hypothèses de recherche aux conséquences que cela peut entraîner à moyen et long terme sur la morphologie urbaine et l’organisation spatiale d’un territoire. Ainsi, la communication présentera la première phase de la recherche et s’appuiera sur les résultats d’une enquête menée auprès des maires des communes d’Île-de-France de moins de 10.000 habitants, afin d’illustrer un exemple de représentation du développement durable en France.

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Mme Anne-Solange MUIS, Docteur en géographie, Ingénieur de recherche spécialisée en développement durable et territoires, Membre du laboratoire de géographie Mobilités, réseaux, territoires, environnements (MRTE)