137e congrès, Tours, 2012 - Composition(s) urbaine(s)

mardi 24 avril 2012 - 09:00


II. Formes et échelles

Sous-thème : II. Formes et échelles - 1 - salle 01

Titre : Composition et science du projet : la composition au sens strict, un mode qui ne correspond guère à l’échelle urbaine contemporaine ?

Présidents :
TISSIER Jean-Louis
, professeur de géographie humaine à l'université Paris I - Panthéon-Sorbonne
DROUIN Jean-Claude , architecte, ancien directeur de l'Agence d'urbanisme de Tours

Cette communication vise à voir en quoi la composition, en tant que mode de conception des espaces construits et non pas en tant que résultat, peut être entendue comme étant au sens strict uniquement l’un des trois modes généraux qui caractérisent toute conception d’une partie des espaces construits, et au sens large, deux de ces modes. Nous verrons en quoi la composition au sens strict ne correspond peut-être pas à l’échelle urbaine contemporaine.
La fabrique de la ville couvre un champ qui va de l’opération d’aménagement localisée à la définition d’orientations générales qui portent sur tout ou partie des espaces urbains, en passant par la conception de projets, des projets qui devraient faire le lien entre un horizon souhaité et l’ensemble des opérations permettant de transformer et d’adapter tout ou partie des espaces construits. Les opérations, les projets et les orientations stratégiques peuvent porter sur tout ou partie d’un ensemble pris comme référence (incluant ses relations à son environnement). Cet ensemble peut être une aire urbaine, et la partie, un îlot ou un sous-ensemble plus ou moins homogène.
Les différents types de relation entre le tout et ses parties, et nous en retiendrons trois principaux, sont autant de modes de fabrique des espaces habités.
Codétermination : la composition. La partie et le tout sont codéfinis. La conception du tout et de chacune de ses parties se fait simultanément et de façon récursive, pour produire un tout organisé et composé de parties identifiées. Les références de ce mode de faire sont les compositions architecturale, musicale, picturale, paysagère, etc. Hormis la composition d’un espace de grande échelle (au sens géographique), pris comme totalité, il n’est pas certain que cette codéfinition puisse être appliquée aujourd’hui à des espaces de plus petite échelle, dès lors que la composition établit entièrement la partie et le tout.
Implication. La partie est conçue à partir d’un tout pré-établi. Ce peut être à partir d’un plan général qui porte sur un espace plus vaste que la partie est conçue. En aménagement, la référence principale est le plan de zone qui encadre la conception de ses îlots. Ce peut être également à partir d’un horizon souhaité pour le tout que la partie est conçue. Au bout du compte, le tout est composé par les projets de ces parties. La référence en matière d’aménagement inclut les schémas de type stratégique.
Indétermination. Le projet de la partie n’est pas celui d’une partie d’un plan ou lié à la mise en œuvre d’une orientation générale établie au niveau de la totalité. Chaque partie est conçue quasiment indépendamment de son environnement. Le tout n’est alors que la somme de ses parties. S’il y a composition, ce n’est qu’a posteriori, afin de rendre plus organisé un espace conçu par fragment. Le projet urbain, le schéma stratégique peuvent également servir de référence à cet exercice de composition ex post.

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M. Serge THIBAULT, Professeur des universités en aménagement et urbanisme à l'université François-Rabelais, Polytech'Tours, Membre du laboratoire Cités, territoires, environnement, sociétés (CITERES, UMR 7324, université François-Rabelais / CNRS)