137e congrès, Tours, 2012 - Composition(s) urbaine(s)

mardi 24 avril 2012 - 13:30


Colloque 3. Quelles formes spatiales pour le développement urbain durable ?

Sous-thème : Développement urbain durable - 3 - amphi 1

Titre : Végétation et formes urbaines durables

Présidents :
TISSIER Jean-Louis
, professeur de géographie humaine à l'université Paris I - Panthéon Sorbonne
VERDELLI Laura , maître de conférences en aménagement et urbanisme à l'université de Tours François-Rabelais, membre de l'UMR 6173 CITERES (Cité, territoire, environnement et société), CNRS-université de Tours

L’application du concept de développement durable dans le champ de l’urbanisme trouve sa légitimité dans le fait que la ville est un endroit qui rassemble un grand nombre de personnes sur un territoire relativement restreint permettant de quantifier et de réglementer les activités anthropiques. La réflexion sur l’urbanisme porte essentiellement sur la forme de la ville et vise notamment à limiter les mobilités citadines. Dans cette perspective, de nombreuses études scientifiques préconisent le développement d’un modèle de ville compact.
Cependant, il existe un paradoxe entre un modèle de « ville verte » (répondant aux critères écologiques du développement durable) et un modèle de « ville dense » (limitant notamment les émissions de CO2 dues à la sur-utilisation des véhicules motorisés). Par essence, la « ville verte » est une ville dont les proportions entre surfaces construites et sols libres sont bien équilibrées. Cette répartition est par conséquent propice à l’installation de jardins en pleine terre et de zones humides, favorisant ainsi le développement de la biodiversité en ville.
En revanche, la « ville dense » est une ville où les constructions dominent, les espaces sont plus réduits, généralement minéralisés et soumis à une pression humaine plus intense. Cette situation rend beaucoup plus difficile le développement de la faune et de la flore en milieu urbain et nécessite d’avoir recours à des dispositifs spéciaux comme les toitures ou les façades vertes. En définitive, plus un paysage urbain est morcelé et densément minéralisé, moins sa structure est propice à l’installation et au développement de la biodiversité, part essentielle du volet écologique du concept de développement durable.
Pour autant, des liens entre la qualité de vie en ville et les consommations énergétiques dues aux déplacements ont été mis à jour dans des études récentes sur la mobilité des citadins (Claire Plateau, 2008). Les travaux précurseurs de deux chercheurs australiens, Newman et Kenworthy, qui ont fait émerger le lien entre la densité urbaine et la consommation annuelle de carburant sont au cœur des débats sur la compacité urbaine. La prise en compte dans la recherche scientifique (Vilhelmson, 1990 ; Kennedy, 1995 ; Ascher, 1998; Orfeuil, Soleyret, 2002, Claire Plateau, 2008), des mobilités de compensation dans le calcul de la consommation énergétique (liée aux déplacements) a révélé la nécessité d’un aménagement urbain de qualité. Ainsi, de nouveaux « standards » de densité (80 logements à l’hectare) ont été proposés (Holden et Norland) et de nouvelles approches dans l’analyse urbaine comme l’étude de l’intensité urbaine (Thierry Paquot) voient le jour.
Outre le rôle structurant de la végétation dans la composition urbaine, la reforestation urbaine présente d’importantes fonctionnalités écologiques. La végétation permet notamment de réduire la concentration de dioxyde de carbone, de diminuer la consommation d’énergie, d’améliorer la qualité de l’air et de l’eau en milieu urbain, de prévenir et réduire certains risques naturels, de créer un habitat pour la faune. De plus, les fonctions aménitaires de la végétation en ville sont extrêmement importantes, particulièrement pour limiter les mobilités de compensation.
Ainsi, depuis quelques années, des bureaux d’études spécialisés dans les diagnostics phytosanitaires, les plans de gestion de la végétation en ville ainsi que l’inventaire et le suivi des réalisations se sont développés, marquant ainsi un vrai tournant dans l’engagement des politiques urbaines face au maintien et au développement de la végétation en ville.
Au travers du cas de Bruxelles, nous montrerons comment la recherche d’un équilibre entre les surfaces minérales et les surfaces vertes peut être atteint et quelles en sont les conséquences sur le développement structurel et écologique de la ville. La ville de Bruxelles a lancé en 2010 une campagne pour « maximiser la biodiversité ». Cette démarche a pour finalité de renforcer les possibilités de développement de la biodiversité et le développement des écosystèmes. L’objectif est de favoriser la biodiversité sur chaque parcelle urbaine en rendant toute surface, bâtie ou non, riche en espèces végétales et animales. La ville de Bruxelles utilise le Coefficient de biotope par surface (CBS), un indicateur développé par la ville de Berlin. Cet indicateur permet d’évaluer le potentiel écologique de la parcelle, c’est-à-dire le rapport qu’il faudrait observer sur toutes les parcelles entre les surfaces favorisant la biodiversité et la superficie totale de la parcelle. L’utilisation de ce type d’indicateur a des répercussions fortes dans l’aménagement de l’espace urbain.
La forme urbaine est ainsi modelée dans l’optique de répondre « aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » (Rapport Brundtland, 1987). Tels sont les axes du développement des formes spatiales durables.

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Mme Séverine HERMAND, Architecte et urbaniste, Doctorante en art de bâtir et urbanisme à l'université libre de Bruxelles, Membre de l'unité de recherche BATIR