137e congrès, Tours, 2012 - Composition(s) urbaine(s)

mardi 24 avril 2012 - 09:00


Colloque 3. Quelles formes spatiales pour le développement urbain durable ?

Sous-thème : Développement urbain durable - 2 - amphi 1

Titre : De grand ensemble à quartier durable : perceptions et discours autour de l’évolution de la densité du quartier de La Duchère à Lyon (Rhône)

Présidents :
BLANC-PAMARD Chantal
, directeur de recherche au CNRS, membre de l'UMR 194 EHESS-IRD, CEAF (Centre d'études africaines)
SERVAIN-COURANT Sylvie , maître de conférences en géographie à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois, membre de l’équipe IPAPE (Ingénierie du projet d'aménagement paysage et environnement, UMR 6173 CITERES (Cités, territoires, environnement, sociétés), CNRS-université de Tours François-Rabelais

La densité est un référent majeur des pratiques de développement urbain durable. La diversité des opérations affichées comme durables et donc denses est grande (échelle, intentions de conception, etc.). L’adaptation et l’optimisation de l’existant est partie intégrante du projet politique du développement urbain durable (appels à projet de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) et de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) notamment) et les opérations de renouvellement urbain des quartiers de grands ensembles n’échappent pas à la volonté de densifier la ville. Nous proposons de réinterroger les liens entre forme urbaine, densité et durabilité en étudiant un projet ANRU, espace où cette forme évolue.
Derrière l’apparente trivialité de l’objet densité et du terrain « grands ensembles » se cachent des enjeux économiques, sociaux, environnementaux, mais surtout des questions sur la construction des représentations et perceptions de la forme urbaine et de la durabilité, chez les concepteurs comme chez les habitants. Comment élus et urbanistes se représentent-ils la forme urbaine du développement durable ? Que signifie densité pour un habitant de grand ensemble ? Peut-on lier perception de densité et arguments environnementaux présidant à la mise en œuvre de celle-ci ? Que veut dire densifier, pour être durable, dans un quartier de grands ensembles souvent stigmatisé pour cause de densité ?
Pour aborder ces différentes questions, cette communication s’appuie sur une recherche menée dans un quartier en rénovation urbaine lyonnais où la densité est revendiquée comme un principe d’aménagement : le Grand projet de ville (GPV) La Duchère. La durabilité du nouvel aménagement du quartier est mise en avant, il est lauréat de l’appel à projet « Rénovation urbaine et urbanisme durableS » de l’ANRU et la CDC (2009) et suit la Charte écoquartier du Grand Lyon. La nature du projet permet d’effectuer une analyse comparée, sur un même terrain, de deux formes urbaines distinctes : les îlots ouverts des années 2000 remplacent les barres des années 1960 avec l’objectif affiché d’être plus durables et de rendre plus agréable et apaisée la vie dans le quartier.
Dans cette communication, la densité sera étudiée comme un élément de discours dont il convient d’interroger les modalités d’emploi par les professionnels de la ville, les connotations que concepteurs et habitants lui associent et la manière dont celle-ci est inscrite dans les projets et provoque alors une évolution de l’environnement des lieux et des perceptions associées.  Nous apporterons des éléments de compréhension sur la manière dont les différentes parties prenantes de l’opération choisie comme terrain d’étude (habitants, élus, urbanistes, etc.) comprennent et s’approprient la densité dans le contexte de la ville durable qui met cette notion en avant. L’objectif ici n’est pas de dire s’il y a, ou non, densification du quartier ou si celle-ci est une bonne ou une mauvaise chose, mais bien de comprendre les mécanismes et les enjeux liés à la densité comme élément de vocabulaire et comme concept d’urbanisme.
Notre démarche se caractérise par une triple approche : perceptive, discursive et matérielle. Celle-ci se réalise par l’évaluation croisée des ressentis des usagers, des intentions et discours à l’origine du projet et de la matérialité du quartier. Il ne s’agit pas d’une évaluation de l’écart « avant-après » mais d’une mise en tension réciproque de deux visions de la forme urbaine : celle des concepteurs et celle des usagers. Notre ambition est de questionner le sens de l’utilisation du terme densité dans les projets de rénovation urbaine et de comprendre comment est argumenté et vécu le changement de forme urbaine dans le sens revendiqué d’une durabilité supérieure. Cette communication n’ambitionne pas de présenter les critères qui rendraient une forme urbaine durable mais vise à intégrer au débat scientifique sur le développement urbain durable les discours qui entourent la forme prônée pour la ville et la réception de celle-ci.

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M. Matthieu ADAM, Doctorant allocataire de recherche en aménagement de l'espace et urbanisme à l'université François-Rabelais, Membre de l'équipe Ingénierie du projet d'aménagement paysage et environnement-Cités, territoires, environnement et sociétés (IPAPE-CITERES, UMR 7324, CNRS)