137e congrès, Tours, 2012 - Composition(s) urbaine(s)

jeudi 26 avril 2012 - 10:00


III. Les acteurs de la composition urbaine

Sous-thème : III. B. Les citadins, acteurs de la (re)composition sociale de l'espace

Chapitre : III. B. Les citadins, acteurs de la (re)composition sociale- 2 - salle 06

Titre : L’émergence d’un quartier populaire à Fort-de-France : une installation dans l’urgence

Présidents :
BART François
, membre élu du conseil du Comité national français de géographie, président de la Commission de géographie des espaces tropicaux
KUCZYNSKI Liliane , anthropologue, chargée de recherche au Laboratoire d'anthropologie urbaine, CNRS, Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain IIAC-EHESS

La composition urbaine que nous proposons d’aborder dans cette communication concerne les modalités d’occupation d’une zone insalubre du bord de mer (mangrove) de la ville de Fort-de-France en Martinique. À partir d’une anthropologie historique menée dans le quartier populaire de Volga-Plage, nous nous intéresserons, d’abord, aux stratégies d’appropriation de l’espace et aux tactiques d’assainissement mis en œuvre par les migrants ruraux martiniquais, à la suite de l’effondrement de l’économie sucrière des années 1950.
Ensuite, nous analyserons les pratiques d’édification « auto-constructive » de leur habitat, ainsi que les transformations menées aux cours du temps en fonction de leurs possibilités économiques. Nous verrons que l’intégration au sein d’une société urbaine martiniquaise fortement affectée par son histoire coloniale - et que l’on peut percevoir dans le maintien des rapports hiérarchiques socio-raciaux- ne va pas de soi. Par ailleurs, cette exploration met au jour les compétences populaires et les savoir-faire en matière de production de formes urbaines, comme elle rend compte du rôle considérable de ces premiers migrants dans la diversité de la composition urbaine foyalaise.
Puis, nous rendrons compte de l’image subjective que véhiculent l’existence et la visibilité de tels quartiers populaires « auto-construits » par des Martiniquais pauvres. Dans la mesure où ils font l’objet d’une identification négative, nous évoquerons les discours stigmatisants de déqualification de ces quartiers et de leurs habitants, mais aussi les discours de requalification de ces anciens quartiers populaires qui constituent la mémoire de ces anciens migrants venus chercher du travail en ville.
Enfin, nous resituerons Volga-Plage au cœur de Fort-de-France, afin de mieux valoriser l’hétérogénéité de la ville. En effet, l’originalité de cette dernière réside dans sa morphologie qui ne correspond à aucune des règles géométriques de symétrie et d’uniformité architecturale. On observe une juxtaposition d’édifices (monuments coloniaux, bâtiments administratifs, petites boutiques, supermarchés, logements collectifs, etc.) aux usages variés et érigés à des temporalités différentes mais qui, néanmoins, se combinent entre eux.

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Mme Véronique ROCHAIS, Anthropologue à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Membre du Centre d'études africaines