138e congrès, Rennes, 2013 - Se nourrir. Pratiques et stratégies alimentaires

vendredi 26 avril 2013 - 14:00


Séance plénière 6 : clôture
Titre : Conférence plénière : « Se nourrir, une expérience intime et cosmopolite du monde » à l'Espace Ouest-France

Présidents :
MORDANT Claude
, professeur émérite de protohistoire européenne à l’université de Bourgogne, membre de l'UMR ARTeHIS (Archéologie, terre, histoire, sociétés), UMR 6298, CNRS
LE BART Christian , professeur à l'IEP (Institut d'études politiques) de Rennes, directeur de la MSHB (Maison des sciences de l'homme en Bretagne), Rennes

Le défi devant lequel l’humanité est placée en matière alimentaire la porte sur un double front : nourrir plus et nourrir mieux. S’il est probable que nous aurons raison de nos craintes malthusiennes et que la sous-nutrition peut être vaincue, il est moins sûr que les qualités symboliques et culturelles que nous réclamons de notre alimentation soient à la hauteur de nos espérances. Pour avoir une alimentation « qui nous ressemble », il faudra être attentif à la manière dont les identités se recomposeront au fil des migrations et des processus de mondialisation en cours.
Mais pour l’instant, les grandes plaques tectoniques alimentaires ne bougent que très lentement. Au XXe siècle, le monde américain a tenté quelques intrusions fortes en Europe et en Amérique latine où il a réveillé des consciences locales que l’Unesco a reconnues par la patrimonialisation des cuisines, des diététiques et des repas. Actuellement, l’Asie orientale perce moins violemment mais non moins sûrement dans les cuisines du monde au fur et à mesure qu’elle prend un rôle géopolitique en accord avec sa puissance démographique. Les modèles culinaires asiatiques, diffusés non par des entreprises mais par des diasporas et des familles, exercent une forte séduction qui ne fait que commencer. La diversité et la qualité de ces cuisines et gastronomies nous réservent des surprises. Ailleurs, en Afrique comme en Inde, les contraintes productives pour la première et sociales pour la seconde, confinent les modèles dans leurs espaces d’origine, mais qui jurerait que les migrations ne vont pas apporter leurs lots de métissage ?
Au fur et à mesure que l’humanité est confrontée à l’esprit compétitif de firmes et de filières agroalimentaires puissantes, elle redécouvre la puissance du local tout en façonnant un langage alimentaire universel. Pour Edgar Morin, l’homme se nourrit de diversité autant qu’il désire se penser comme être global. L’alimentation, dans son génie créatif, porte tout cela.

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M. Gilles FUMEY, Professeur des universités en géographie culturelle à l'université Paris IV - Paris-Sorbonne Membre du laboratoire Espace, nature et culture (ENEC, UMR 8185, CNRS)

Membre de la société savante :
Société de géographie, Membre du conseil d'administration