142e congrès, Pau, 2017 - Circulations montagnardes, circulations européennes

mercredi 26 avril 2017 - 09:30


IV. Des montagnes explorées, étudiées et représentées

Sous-thème : IV.1. Montagnes et montagnards comme objets d’explorations et d’études

Titre : Les montagnes andines et leurs habitants vus par un alpiniste français, Lionel Terray (1921-1965)

Présidents :
JOLY Gérard
, ingénieur de recherche émérite au CNRS
PEYRÉ Pierre , professeur émérite de l'université de Pau et des pays de l'Adour en sciences de l'éducation (Staps - Sciences et techniques des activités physiques et sportives, et santé)

Grande figure de l’alpinisme français de l’après-guerre, membre de huit expéditions dans les Andes et l’Himalaya - avec pour compagnons de cordée Maurice Herzog ou Louis Lachenal, entre autres - et spécialiste des premières ascensions, Lionel Terray (1921-1965) était passionné par la montagne, les hommes et le cinéma. Lors des ascensions de plusieurs sommets enneigés au Pérou en 1956 (Huantsan, Pungos, Soray, Chacraraju, Verónica, Salkantay et Taulliraju), et à l’occasion de séjours postérieurs consacrés à la rencontre des populations indiennes, il réalise des images sur la vie et les traditions des indiens Quechuas ; il ramène en France quelques bobines de films à partir desquelles il réalisera différents documentaires, dont l’un gagnera le Grand prix du Film de montagne et de l’exploration du Festival international de Trente (C’est le Pérou, 1964, en collaboration avec le cinéaste Marcel Ichac). Ces documents sont doublement dignes d’intérêt : outre leur valeur ethnographique, ils témoignent du regard européen sur « l’Indien » péruvien – selon le terme générique qu’utilise Terray dans ses commentaires - dans la moitié du XXe siècle, à mi-chemin entre l’héritage des explorateurs/naturalistes du XIXe et le boom des terrains d’enquêtes anthropologiques du XXe. D’un autre côté, ils permettent d’aborder, en resituant ces documents dans le contexte social, politique et artistique du Pérou des années 1950, la question de la citoyenneté et de la place des Indiens dans la société péruvienne de l’époque. Car les films-portraits de Terray, bien qu’ils soient empreints d’exotisme et de stéréotypes, s’inscrivent avant tout dans la curiosité et la reconnaissance de l’Autre, là où la nation péruvienne peine à admettre sa pluralité culturelle et à intégrer la population indienne.

--
Mme Chloé TESSIER-BRUSETTI, Docteur en études hispaniques, Membre du Centre de recherche sur les identités nationales et l'interculturalité (CRINI, EA 1162, université de Nantes)

Membre de la société savante :
Institut des Amériques, Membre