142e congrès, Pau, 2017 - Circulations montagnardes, circulations européennes

jeudi 27 avril 2017 - 09:30


III. Des passages : contraintes et dynamiques

Sous-thème : III.2. Chemins de terre et chemins d’eau

Titre : Circuler dans le Massif central à l’époque romaine

Président : GÉLY Jean-Pierre, chercheur associé à l'université Panthéon-Sorbonne, LAMOP (Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris), UMR 8589

Cette communication propose de s’intéresser à l’aspect physique des routes antiques au sein de deux territoires de Gaule centrale, les cités arverne et vellave, correspondant en grande partie à l’Auvergne actuelle. D’un point de vue géographique, ces territoires sont implantés dans la partie la plus montagneuse du Massif central, avec une altitude moyenne de l’ordre de 715 m. Les données historiques et archéologiques disponibles montrent que, durant la période romaine, cet espace était loin d’être enclavé. Au cours des décennies qui suivent la conquête du milieu du Ier s. avant J.-C., ce secteur connaît d’intenses phases de travaux routiers, que ce soit en termes de réhabilitations ou de constructions nouvelles. L’effort de construction paraît avoir davantage porté sur les zones de relief pour pallier les difficultés de circulation routière et piétonnière évoquées à de nombreuses reprises par les écrits antiques relatifs à la traversée du Massif central, et notamment ceux de César et de Sidoine Apollinaire. La circulation routière en montagne est alors assurée en fonction de stratégies d’aménagement et de modes de construction le plus souvent adaptés aux fortes contraintes topographiques, pluviométriques et hivernales. Les parcours ne sont pas conçus selon l’orthodromie, la rapidité ou la rectitude, mais en fonction de leur praticabilité. Le choix des tracés est dicté par la volonté quasi constante d’éviter les dépressions humides et de contourner les points élevés ou les points bas sans grands dénivelés. Les routes suivent généralement le terrain et ne coupent que rarement les courbes de niveau à la perpendiculaire. Elles cherchent ainsi à s’adapter aux conditions topographiques plutôt qu’à les modifier ou à les franchir. La circulation routière est également garantie par des modes de construction diversifiés (profils en déblai, remblai ou mixte). Qu’elles utilisent une couche de forme ou simplement une couche d’assise, les routes sont construites, même si les propriétés de nombreux sols auraient pu permettre des déplacements directement sur les niveaux naturels en place. On semble donc en présence des routes carrossables et permanentes offrant aux usagers une bonne viabilité.

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Mme Marion DACKO, Docteur en histoire et archéologie

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Mme Marion DACKO, Docteur en histoire et archéologie