126e congrès, Toulouse, 2001 - Terres et hommes du Sud

jeudi 12 avril 2001 - 14:00


Thème 1 : paysages, peuplement et habitat

Sous-thème : Etapes de l'aménagement

Titre : Aménagements routiers en Ariège et perception du paysage : le tronçon Foix –Tarascon

Présidents :
PINON Pierre
, professeur à l'Ecole d'Architecture de Paris-Belleville, conseiller à l'Institut national d'histoire de l'art
TISSIER Jean-Louis , professeur de géographie humaine à l'Université Paris I - Panthéon Sorbonne

La vallée de l’Ariège est le siège d’aménagements routiers importants qui visent à doubler l’actuelle Route Nationale 20 par une voie rapide : l’E 09. Cet axe, qui s’inscrit dans le programme d’amélioration des communications transpyrénéennes, mettra à terme en relation le tunnel du Puymorens et l’autoroute A 66 (et au-delà l’autoroute des deux mers). L’objectif de ce projet est essentiellement économique : permettre à la fois un désenclavement et un décloisonnement de l’Ariège, et ouvrir une voie de délestage pour la route du Perthus qui tend à être saturée.
Le tronçon de Foix à Tarascon est d’ores et déjà ouvert à la circulation. Il a été réalisé le long du bord de la vallée, principalement en rive gauche. Le choix de ce tracé permettait d’éviter non seulement les villes et villages mais aussi les zones où se concentre l’essentiel de l’activité économique locale (industries et terroirs agricoles). La nouvelle route serpente donc au niveau de la rupture de pente entre le versant et le fond de la vallée. Cette implantation n’est pas sans incidence : d’une part elle induit que la nouvelle infrastructure est légèrement en surplomb par rapport à la vallée et d’autre part elle a rendu nécessaire de nombreux ouvrages d’art (viaducs et surtout tranchées).
La perception du paysage ariégeois qu’a un automobiliste qui emprunte cette nouvelle route est très différente de celle qu’a un usager de l’ancienne N 20. Par l’E 09 le voyageur n’a que de brefs aperçus du paysage aux travers des " fenêtres " entre les tranchées. Il ne voit alors guère l’urbanisation des bords de rivière et a surtout des vues panoramiques sur les montagnes qui dominent la vallée. L’image de l’Ariège qu’il perçoit est celle d’un pays montagneux et sauvage. Au contraire en empruntant la Nationale 20 on passe par de nombreux villages. Les alignements de maisons le long de la route ainsi que la localisation en fond de vallée font que l’espace montagnard offert à la vue est beaucoup plus restreint que par l’E 09. C’est alors l’image d’une Ariège peuplée et active qui est donnée au voyageur.


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Mme Christine VERGNOLLE-MAINAR, Maître de conférences en géographie à l'Institut universitaire de formation des maîtres de Toulouse