126e congrès, Toulouse, 2001 - Terres et hommes du Sud

mercredi 11 avril 2001 - 14:00


Colloque : pré et protohistoire: territoires, déplacements,

Sous-thème : Peuplement et culture

Titre : Le Sud : une plate-forme pour le peuplement des espaces septentrionaux pendant le Pléistocène moyen ?

Présidents :
JAUBERT Jacques
, directeur du laboratoire De la préhistoire à l'actuel : culture, environnement, anthropologie (UMR 5199 du CNRS), Université Bordeaux I
EVIN Jacques , ingénieur de recherche honoraire au CNRS


Le peuplement paléolithique des espaces septentrionaux est actuellement considéré comme un phénomène discontinu, oscillant au gré des fluctuations climatiques. Pendant les phases glaciaires en particulier, ces zones périglaciaires auraient été totalement désertées par les populations paléolithiques. Ceci les oppose au domaine méridional qui aurait connu un peuplement plus continu. Le Sud se placerait ainsi comme une plate-forme potentielle pour le repeuplement cyclique des espaces septentrionaux. En suivant cette hypothèse, on peut s'attendre à trouver dans les peuplements septentrionaux des ruptures culturelles franches et les marques cycliques d'un héritage culturel méridional. Nous examinons cette question pour la fin du Pléistocène moyen entre –400 et –130 000 ans. Nous nous appuyons pour cela sur les séquences des principaux sites du Périgord et de Charente et sur une base de données constituée pour le Pléistocène moyen récent du Nord-Ouest de l'Europe.
On peut ainsi montrer que chacun de ces grands ensembles régionaux présente pour cette période des caractéristiques culturelles propres. Les similitudes, bien qu'indéniables, se limitent à des traits culturels très généraux qui participent à la définition de ces périodes : présence ou absence de bifaces, apparition et expansion du débitage Levallois… Le peuplement des espaces septentrionaux au cours du Pléistocène moyen ne semble pas réductible à une expansion de groupes humains méridionaux à l'occasion de conditions climatiques clémentes.
En outre, sur la base d'une synthèse paléo-environnementale, nous montrons que pour le Pléistocène moyen récent, les conditions écologiques ne furent pas aussi défavorables aux implantations humaines qu'envisagé dans les précédents modèles de peuplement, celui de C. Gamble en particulier. Bien que les phases pléniglaciaires se traduisent par une raréfaction des occupations nordiques, on n'observe pas de rupture franche dans le peuplement ni même de réelle rupture culturelle.
À partir de ces éléments, l'existence cyclique de grands flux de peuplement des espaces septentrionaux, venant du Sud, peut être mise en doute.


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M. Sylvain SORIANO, Post-doctorant en archéologie préhistorique à l'université Paris X - Paris-Nanterre

Membre de la société savante :
Société préhistorique française, Membre