jeudi 27 avril 2006 - 14:30

Thème 1. Eschatologie, millénarismes et utopies
Titre : De Ganymède à Du Guesclin : origines et développements du symbolisme prophétique de l’aigle et du coq

Présidents :
BRESC Henri, professeur d'histoire médiévale à l'Université Paris X-Nanterre
RIGAUX Dominique , professeur d'histoire médiévale à l'Université Pierre Mendès-France - Grenoble II, responsable du département des sciences humaines

Le Miroir historial évoque les compagnons de Diomède « commutés en oyseaux, et non pas par fables mais par fraude de poetez, mais l’afferment par tesmoing de l’istoire ». « Selon aucuns très anciens poetes / Faingnans d’oyseaulx et de bestes leurs fables » : identique question d’authenticité en entame de la ballade 1117 d’Eustache Deschamps, qui raconte un affrontement d’oiseaux. Les histoires d’oiseaux sont-elles poésie ou réalité ? Et où se situe la prophétie entre fable et histoire ?
Citée par Deschamps et par son contemporain Honorat Bovet dans l’Apparicion maistre Jean de Meun, la prophétie de Protée et Ganymède annonce le combat eschatologique de l’aigle et du coq. La référence à Ganymède renvoie à la rencontre mythologique de Zeus et de l’éphèbe, fils de Troie, derrière laquelle se cache déjà un double sens religieux et, par l’intermédiaire du mythe troyen, une projection « nationale ». Car, à la fin du Moyen Âge, l’affrontement des deux volatiles désigne celui du roi de France et de l’empereur, comme dans cette prophétie guelfe du ms BnF Lat. 3319, sans doute inspiré des Oracles sibyllins juifs et confectionné fin XIVe pour Jean Galéas Visconti, beau-père de Louis d’Orléans.
Entre fable et histoire, la prophétie est un instrument du politique, qui se love aisément dans les méandres de l’histoire : c’est ainsi que, stigmatisé à Bouvines, l’aigle devient l’emblème rayonnant de Charles V et de Du Guesclin.

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M. Thierry LASSABATÈRE, Docteur en histoire de l'université Paris IV - Paris-Sorbonne, chercheur associé au Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris (LAMOP, université Paris I - Panthéon-Sorbonne / CNRS)

Membre des sociétés savantes :
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