137e congrès, Tours, 2012 - Composition(s) urbaine(s)

lundi 23 avril 2012 - 13:30


Colloque 3. Quelles formes spatiales pour le développement urbain durable ?

Sous-thème : Développement urbain durable - 1 - amphi 1

Titre : Le choix morphologique des écoquartiers : le rôle du contexte

Présidents :
ZEMBRI Pierre
, professeur de géographie à l'université de Cergy-Pontoise, directeur du laboratoire MRTE (Mobilités, réseaux, territoires, environnement), EA 4113, membre du bureau du Comité national de géographie
DEMAZIÈRE Christophe , professeur des universités et membre de l’équipe Ingenierie du projet d'aménagement paysage et environnement IPAPE, UMR 6173 Cités, TERritoires, Environnement, Sociétés - CITERES- CNRS- université François-Rabelais de Tours

Des quartiers exemplaires de l’Europe du nord aux premiers écoquartiers/éco-cités en France, des expériences des pays développés aux essais des pays en voie de développement, la « ville durable » se met en œuvre à travers de nombreuses innovations à l’échelle du quartier. Une nouvelle logique de forme urbaine apparaît ainsi : la création des trames vertes pour la préservation de la biodiversité ; les sites de filtration, de recyclage et de dépollution, ainsi que la mise en œuvre des transports publics pour l’économie de ressource et la limitation de la pollution ; la constitution d’un tissu dense et mixte pour l’économie et la valorisation de l’espace. Mais sous ces cadres généraux, partagés à l’échelle mondiale, ainsi qu’avec les « catalogues d’action » qu’ils nous apportent, produisons-nous aujourd’hui un autre « style international » après celui de la Charte d’Athènes ?
Les observations sur les opérations réalisées d’un pays à l’autre nous offrent certaines réponses.
Dans les pays pionniers, les premiers écoquartiers se trouvaient dans la continuité de l’urbanisme « socialisme écologique », issu de la recherche de l’« identité régionale » depuis les années 1970. Les caractères géographiques de l’Europe du nord, ses sources naturelles et sa culture de construction ont pu influencer directement les premières opérations des écoquartiers dans les années 1990 : des ilots fermés de typologie mixte entre R+1 et R+6 ; des alignements ; des matériaux divers en multi-couleurs, des espaces communautaires ; de grands balcons et de nombreuses formes d’espaces verts ; une attention particulière apportée aux traitements des eaux pluviales, des déchets et à l’économie d’énergie.
Dans les pays développés qui les suivent, en France par exemple, l’influence de l’Europe du nord est considérable. Mais la forme des écoquartiers est ici marquée par le phénomène de « retour de l’ilot ». Les atouts de l’ilot sont exprimés par de multiples raisons : la mixité fonctionnelle qui se trouve aux rez-de-chaussée; les espaces publics encadrés par les alignements des façades; ou bien la « transformabilité » qui se réalise à travers la forme d’« ilots ouverts ». Si nous prenons l’exemple de Clichy-Batignolles à Paris, l’image de l’écoquartier nordique se transforme par des touches françaises : les façades métalliques, les loggias, un cœur d’ilot entouré par le socle d’activités au rez-de-chaussée, plus haut et plus compact.
Dans les pays en voie de développement, qui eux aussi cherchent des moyens de concrétiser l’« Agenda 21 » dans le domaine de la construction, les solutions sont encore plus marquées par le contexte –les possibilités et les contraintes. En Chine par exemple, la politique centrale favorise des préconisations à l’échelle territoriale, qui tracent ensuite les lignes directrices de chaque opération. La forme de quartier en unité, qui a permis d’exécuter efficacement la planification à grande échelle au long de l’histoire, se conjugue aujourd’hui avec les nouvelles pensées environnementales.
Ainsi, à travers ces observations, l’étude tente de découvrir le rôle du contexte dans la fabrication des écoquartiers, sous l’optique de la morphologie urbaine : comment le contexte était-il représenté dans l’histoire urbaine des villes et comment est-il/sera-t-il appréhendé dans le cadre des raisonnements liés à la « ville durable » ? Comment se conjugue-t-il aujourd’hui avec les dispositifs globaux de la durabilité urbaine, dans le choix morphologique des écoquartiers ? Des comparaisons détaillées nous aideront à éclaircir ces interrogations.

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M. Yu WANG-VÉDRINE, Doctorant, Membre du laboratoire Architecture, urbanistique, société : savoir, enseignement et recherche (AUSSER, UMR 3329, École nationale supérieure d'architecture Paris-Belleville / CNRS)