137e congrès, Tours, 2012 - Composition(s) urbaine(s)

mardi 24 avril 2012 - 13:30


Colloque 3. Quelles formes spatiales pour le développement urbain durable ?

Sous-thème : Développement urbain durable - 3 - amphi 1

Titre : Territoires diffus et durables

Présidents :
TISSIER Jean-Louis
, professeur de géographie humaine à l'université Paris I - Panthéon Sorbonne
VERDELLI Laura , maître de conférences en aménagement et urbanisme à l'université de Tours François-Rabelais, membre de l'UMR 6173 CITERES (Cité, territoire, environnement et société), CNRS-université de Tours

Cette proposition d’intervention souhaite apporter des éléments de réponse à la double question : « les modalités actuelles de l’urbanisation modifient-elles l’occupation des sols en milieu périurbain et sont-elles génératrices de déplacements ?». Elle se situe à l’échelle du territoire en revenant sur le débat entre étalement et densité.
Le postulat de départ est que la durabilité de l’urbain ne peut être abordée qu’à l’échelle du territoire pris dans son ensemble et notamment en prenant en compte les zones rurales et périurbaines.
En 2006, l’ensemble des populations résidant dans les espaces périurbains ou à dominante rurale représentait près de 40 % des habitants de la France métropolitaine et ces territoires captaient près de 57 % de la croissance démographique.
C’est à ces 40% que nous proposons de nous intéresser en mettant en cause certaines idées préconçues qui participent de leur stigmatisation : la dépendance de ces territoires aux pôles urbains au plan des services et de l’emploi ; la dispersion du bâti qui impliquerait inéluctablement une dépendance à l’automobile ; l’étalement en « tâche d’huile ».
Face à ces présupposés, nous proposons d’observer les territoires de faible densité pour ce qu’ils sont, la manière dont ils « bougent », comment on y vit, et plus précisément, quelle organisation locale spécifique l’on peut y découvrir.
Les recherches que nous avons menées dans le cadre de programmes du PUCA (Plan urbanisme construction et architecture) et du Programme de recherche et d'innovation dans les transorts terrestres (PREDIT XX) nous ont conduits à élaborer un cadre et des outils d’exploration de cet « entre-villes » et de proposer des pistes de leur (re)composition durable.
L’échantillon proposé à l’analyse est un carré de 50km ce côté « prélevé » en Picardie et dont la singularité est de ne contenir aucune ville de plus de 20 000 habitants.
Quelques résultats significatifs peuvent être retirés de l’observation de ce « carré picard » :
une relative isotropie des formes urbaines dispersées basée sur des distances relativement courtes (centroîdes distants en moyenne de 1,2km si l’on raisonne en granulométrie, agrégats bâtis, et non en termes de limites communales) ;
des mobilités domicile-travail qui fonctionnent majoritairement sur la proximité (60% des actifs effectuent des déplacements inférieurs à 10km) ;
une répartition des services qui assure une proximité des besoins quotidiens (2,1km pour les services quotidiens, 2,3km pour les services de proximité, 3,6km pour les services intermédiaires et 4,9 pour les rares) ;
des mobilités émergentes, « signaux faibles » d’une alternative au tout automobile, notamment à l’« autosolisme » (autopartage, commerce ambulant, redéveloppement de la pratique cycliste (VAE - Vélo à assistance électronique) et marche à pied, taxi à la demande...) ;
un développement de l’urbanisation par extension des agrégats bâtis hérités à toutes les échelles (ferme, hameaux, village, bourgs, petites villes..) qui n’est pas réductible à la « tâche d’huile ».
Ces résultats permettent d’imaginer des transformations futures des ces territoires de faible densité vers des (re)compositions urbaines plus maîtrisées, plus qualitatives, en inventant des modèles spécifiques et bien différents du recours exclusif à la compacité.

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Mme Béatrice MARIOLLE, Chercheure au laboratoire AUSser (Architecture urbanistique société : savoirs, enseignements recherches (AUSSER, UMR 3329), Maître-assistant à l'École nationale supérieure d'architecture Paris-Belleville (ENSAPB)

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M. Antoine BRÈS, Chercheur à Géographie-cités (UMR 8504, CNRS), Centre de recherche sur l'industrie et l'aménagement (CRIA), Professeur associé à l'université Paris I - Panthéon-Sorbonne