137e congrès, Tours, 2012 - Composition(s) urbaine(s)

jeudi 26 avril 2012 - 09:00


I. Les moments

Sous-thème : I.D. Composition urbaine et ordre public du XVIe au XIXe siècle

Chapitre : Ordonner, partager et régénérer la ville - 2 - salle 10

Titre : Paysage urbain et ordre public au temps des guerres de Religion

Présidents :
DENIS Vincent
, maître de conférences en histoire moderne à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne, membre de l'EA 127, Centre de recherches en Histoire moderne
FUREIX Emmanuel , maître de conférences en histoire européenne à l’université Paris-Est – Créteil, membre du CRHEC (Centre de recherche en histoire européenne comparée), membre de l’Institut universitaire de France et secrétaire de rédaction de la Revue d’histoire du XIXe siècle

Si les affrontements militaires et religieux qui voient s’opposer catholiques et protestants à la faveur des guerres de Religion sont relativement circonscrits dans le temps, les acteurs, notamment les plus puissants, se révèlent très habiles à prolonger le souvenir des conflits en inscrivant (ou en maintenant) dans l’espace les marques durables des troubles passés : ruines « patrimonialisées » des églises, croix expiatoires, plaques commémoratives, exhibitions publiques de la tête de l’ennemi aux portes de la ville contribuent à poursuivre la guerre par d’autres moyens. Parce que le paysage urbain est le cadre par excellence où s’exercent les violences symboliques, celles qui infligent des blessures sans manifestation apparente de la force, il est instrumentalisé par les adversaires pour faire durer la joute en temps de paix. Formes spatialisées de violence euphémisée, ces souvenirs réifiés des affrontements ne constituent pas les seuls modes d’éternisation des mémoires : des moyens plus éphémères de réappropriation de l’espace y contribuent aussi telles les processions annuelles, commémorant le souvenir de la « délivrance » de la ville et de l’expulsion des hérétiques, mais aussi des danses, qui sont toujours l’occasion de revigorer et de mettre en scène la mémoire de l’ennemi. Sans relâche, les derniers Valois promeuvent l’oubli des troubles, invitent les habitants à considérer les affrontements de naguère comme « nuls et non advenus » et interdisent le rappel des « injures » d’antan. De la même façon que la communication tentera de mettre en valeur la dimension spatiale de la mémoire des hostilités, j’analyserai les « topiques de l’oubli », c'est-à-dire les opérations par lesquelles la Couronne et ses agents s’attèlent à effacer dans l’espace les stigmates de la guerre. La communication s’interrogera donc sur la contribution du paysage urbain à la poursuite de la guerre par d’autres moyens tout autant que sur les tentatives monarchiques de faire tenir un ordre public pacifique au moyen d’une politique neutralisée de l’espace.

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M. Jérémie FOA, Maître de conférences en histoire moderne à Aix-Marseille université, Membre du laboratoire Temps, espaces, langages, Europe méridionale, Méditerranée), (TELEMME, UMR 7303, AMU / CNRS)