137e congrès, Tours, 2012 - Composition(s) urbaine(s)

jeudi 26 avril 2012 - 13:30


I. Les moments

Sous-thème : I.D. Composition urbaine et ordre public du XVIe au XIXe siècle

Chapitre : Ordonner, partager et régénérer la ville - 3 - salle 11

Titre : Les projets de ségrégation spatiale à la Martinique de 1802 à 1809 les débuts de l’« apartheid » ?

Présidents :
CHAPPEY Jean-Luc
, maître de conférences habilité à diriger les recherches en histoire moderne à l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne, EA 127, Institut d’histoire de la Révolution française
PLUMAUZILLE Clyde , doctorante et ATER en histoire moderne à l'université de Paris I-Panthéon-Sorbonne, EA 127, Institut d’histoire de la Révolution française

Régénérer et ordonner l'espace urbain dans le domaine colonial est un thème souvent minoré dans l’historiographie française, tout comme l’étude de la Martinique durant la Révolution française et l’Empire. Pourtant les questions sur les villes coloniales sont centrales. Celles-ci ont joué un rôle prédominant tant pour la gestion politique et militaire, que pour l’économie de l’île. De plus, ce sont des lieux d’interactions du pouvoir et notamment des espaces de mobilités sociales et d’échanges, comme la très bien montré Anne Pérotin-Dumon dans son étude La ville aux Îles, la ville dans l'île: Basse-Terre et Pointe-à-Pitre.
Cette communication portera sur la Martinique et ses milieux urbains sous le Consulat et l’Empire. La vision des colons et des administrateurs locaux concernant leur conception de la ville et de ses limites, ainsi que des populations locales sera étudiée tout au long de cette communication.
En 1802, la paix d’Amiens permet à la France de récupérer la colonie de la Martinique occupée par les britanniques depuis 1794. Celle-ci n’a pas connu les importants troubles révolutionnaires qui ont touché les autres colonies françaises tels que Saint-Domingue, la Guadeloupe ou encore Sainte-Lucie. Elle n’a également pas connu l’abolition de l’esclavage conférée par la loi du 16 pluviôse an II. La Martinique a donc conservé son système esclavagiste et sa structure d’Ancien Régime. C’est donc dans un climat dominé par le préjugé de couleur et la législation ségrégationniste entre les blancs et les gens de couleur (affranchis et esclaves) qu’évolue la ville et la colonie. Pourtant, le retour français provoque au sein de l’élite blanche martiniquaise une volonté de marquer leur différence par une ségrégation spatiale dans les campagnes et dans les villes, dans un but d’éviter tous désordres publics de la part des esclaves et des affranchis. Ce désir de réorganiser l’espace urbain ne traduit pas seulement une mesure sécuritaire, mais un projet « racialiste » tendant à régénérer l’espace martiniquais. Cela peut s’apparenter à une sorte d’apartheidprimitif qui essaye de se construire dans l’espace urbain.

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M. Lionel TRANI, Doctorant en histoire moderne à l'université Paris I - Panthéon-Sorbonne