141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

vendredi 15 avril 2016 - 14:30


Conférence plénière 4 - Bâtiment Robespierre amphi F 511
Titre : La sirène antique et médiévale, entre séduction de mort et tentation de vie

Présidents :
BLARY François
, professeur d’histoire de l’art et d’archéologie du Moyen Âge à l’université libre de Bruxelles, membre du CReA-Patrimoine (Centre de recherche en archéologie et patrimoine) de la Faculté de philosophie et de lettres et de l'équipe TrAme (Textes, représentations, archéologie, autorité et mémoire de l'Antiquité à la Renaissance), EA 4284 de l'université de Picardie Jules-Verne
BIARD Michel , professeur d'histoire du monde moderne et de la Révolution française à l'université de Rouen, directeur du GRHis (Groupe de recherche en histoire), EA 3831

Durant l’Antiquité, les sirènes ont été étroitement associées à la mort et ce, depuis Homère qui les a évoquées le plus anciennement. Redoutées par ailleurs comme démons maléfiques de la famille des Kères, elles se sont toutefois muées en démons secourables, dans le but évident de se les concilier. Leur présence sculptée ou peinte dans la tombe devint ainsi un puissant apotropaïon. Parallèlement, l’angoisse de la mort qu’elles suscitaient à l’origine en vint à exprimer, par euphémisation, la peur de la femme. La sirène devint dès lors une image de la courtisane à laquelle se superposa celle de l’éternel féminin – conception qui fut reprise par le Christianisme. Symbole de la femme frivole dont la séduction peut mener à la mort, elle fut fréquemment présentée comme une figure emblématique de la femme fatale que le chrétien, tel Ulysse, doit fuir. Toutefois, sa métamorphose en femme-poisson lui permit d’acquérir certaines valeurs positives liées aux déités celtiques et germaniques des eaux dont elle empruntait la morphologie. C’est ainsi qu’à partir de la fin du XIIe siècle, la sirène-poisson est parfois figurée ou décrite comme une mère attentionnée, allaitant indifféremment son siréneau ou un petit d’homme qu’elle aurait sauvé – étonnante victoire de la Vie sur la Mort.

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Mme Jacqueline LECLERCQ-MARX, Docteur en philosophie et lettres (histoire de l'art et archéologie), Enseignante à l’université libre de Bruxelles, Membre du groupe de recherche en histoire médiévale et du laboratoire Histoire, arts, cultures des sociétés anciennes, médiévales et modernes (SOCIAMM)

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Mme Jacqueline LECLERCQ-MARX, Docteur en philosophie et lettres (histoire de l'art et archéologie), Enseignante à l’université libre de Bruxelles, Membre du groupe de recherche en histoire médiévale et du laboratoire Histoire, arts, cultures des sociétés anciennes, médiévales et modernes (SOCIAMM)