141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

vendredi 15 avril 2016 - 09:30


I. De l'exploitation à la sauvegarde

Sous-thème : I.3. L'animal, de la destruction des nuisibles à la protection animale

Titre : Le confort des visiteurs : éphémères et DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) à l’Exposition universelle de 1967

Présidents :
PLOUVIER Martine
, conservateur en chef honoraire du patrimoine, membre du CIHA (Comité international d'histoire de l'art)
FLAMBARD-HÉRICHER Anne-Marie , professeur émérite d'archéologie et d'histoire médiévale de l'université de Rouen, membre du CRAHAM (Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales),?UMR 6273, CNRS, université de Caen Normandie, membre et ancienne directrice du GRHIS (Groupe de recherche en histoire), EA 3831, université de Rouen

Afin d’assurer le confort des dizaines de millions de visiteurs attendus pour « L’Expo 67 », les ingénieurs à Montréal proposèrent de vaporiser du DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) sur les berges du fleuve Saint-Laurent, près du site (des îles au milieu du fleuve) et un peu en amont. Il s’agissait d’empêcher les éphémères de causer des désagréments au printemps et au début de l’été lorsqu’ils se déplacent en masse. Les ingénieurs pensaient obtenir les autorisations sans problème, mais à leur grande surprise, ils essuyèrent un refus des autorités provinciales. L’histoire de ce refus se confond avec l’émergence d’une sensibilité écologique chez le personnel de certains organismes gouvernementaux et chez quelques leaders d’opinion publique. En effet, au moment même où l’aménagement du site commençait, en 1963, un débat s’ouvrait à la Chambre des Communes qui allait mener à l’interdiction du DDT au Canada en 1970. L’aménagement et l’interdiction sont donc synchronisés. Or, l’on sait que le DDT a mauvaise réputation depuis la parution du livre de Rachel Carson en 1962. Cette réputation continua à se détériorer, si bien qu’en 1965 les chroniqueurs de pêche sportive des principaux quotidiens de Montréal prirent fermement position contre le projet. Dans cette communication, il s’agit de montrer qu’un nouveau régime d’autorisation est en gestation, un régime qui relativise la place de l’humain dans un environnement jugé dorénavant fragile. L’affaire est d’autant plus intéressante que les insectes incriminés sont inoffensifs.

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M. Yves TREMBLAY, Historien à la direction Histoire et patrimoine du ministère de la Défense nationale, Ottawa (Canada)

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