141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

jeudi 14 avril 2016 - 14:30


IV. L'animal symbole

Sous-thème : IV.1. Aux origines des symboles de l’Occident

Chapitre : IV.1.2. La centralité ou le rejet des formes hybrides

Titre : Du sauvage à l'animal : les sonorités tupi entre proximité édénique et contiguïté satanique

Présidents :
LE POGAM Pierre-Yves
, conservateur en chef du patrimoine, département des sculptures, musée du Louvre
BLAISE-GROULT Marie , responsable des collections des Archives départementales de Seine-Maritime, pôle des archives historiques

Le récit de voyage et de mission du capucin Yves d' Évreux, qui vécut deux ans parmi les Indiens tupi du Nord du Brésil, de 1612 à 1614, rend compte tout à la fois d'un sentiment d'émerveillement face à un monde nouveau et innocent, et de l'effarement du missionnaire face à l'emprise de Satan sur les pauvres âmes indiennes. Le langage tupi, dans sa proximité avec le monde animal, porte la marque de cette ambivalence. Tandis que le chant par lequel les femmes brésiliennes charment et capturent les fourmis conforte la supériorité que la maîtrise du langage confère à l'homme sur le monde animal, tout en marquant une proximité perdue pour les Européens. La ventriloquie inquiétante des « Pagès » (chamanes) qui communiquent avec les chauves-souris souligne la perméabilité de ce langage à l'expression diabolique. Non seulement les Pagès communiquent avec les chauves-souris mais, à travers elles, « le Diable parle aux sorciers du Brésil ».

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Mme Géraldine MÉRET, Doctorante en littérature française, Chargée d'enseignement en littérature de voyage et littérature des XVIe et XVIIe siècles à l'université de Genève