141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

lundi 11 avril 2016 - 14:30


III. L'animal, source d'inspiration

Sous-thème : III.1. Les arts visuels

Titre : La représentation du dromadaire dans le livre illustré arabe médiéval

Présidents :
GÉLY Jean-Pierre
, chercheur associé à l'université Panthéon-Sorbonne, LAMOP (Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris), UMR 8589
BOURIENNE Jean , professeur d’histoire-géographie retraité

La communication portera sur la représentation iconographique du dromadaire dans le livre des Séances al-Maqâmât de l’auteur irakien al-Harîrî du XIIe siècle, chef d’œuvre de la littérature arabe racontant le voyage de deux protagonistes à dos de chamelles (Nâqa), seules compagnes de l’homme au cours de longues distances parcourues dans le monde musulman d’alors. Il s’agit de l’unique texte illustré de l’adab (les belles-lettres) dans l’Orient arabe médiéval, et ce malgré l’interdit de la représentation figurée en Islam de tout être animé aussi bien humain qu’animal. On s’interrogera dans un premier temps sur les raisons d’un tel fléchissement religieux à propos de l’illustration de ce livre, mis en image au début du XIIIe siècle, et du nouveau statut « licite » de la représentation des animaux et plus particulièrement celle du dromadaire. L’étude se basera sur le manuscrit illustré des Maqâmât enluminé par le peintre de l’atelier de Bagdad al-Wâsitî en 1237 (Paris, Bnf, ms arabe 5847) et tentera de montrer que l’imagerie réaliste du dromadaire d’al-Wâsitî s’inscrit dans une tradition iconographique animalière naturaliste dans laquelle les Arabes sont passés maîtres. Cette démonstration permettra de battre en brèche l’idée selon laquelle les peintres arabes ont eu recours, dans leur représentation de l’animal, à la schématisation et aux couleurs arbitraires afin de contourner l’interdit. Nous mettrons également l’accent sur l’innovation apportée par al-Wâsitî consistant à introduire pour la première fois la figure de l’animal dans une scène de genre à côté de l’homme. Nous montrerons finalement qu’au-delà de l’aspect réaliste de l’illustration, le dromadaire est désormais plus qu’un animal, il devient emblème.

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Mme Aya SAKKAL-ESPÈRE, Maître de conférences au département d'études orientales de l'université de Strasbourg