141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

mercredi 13 avril 2016 - 15:15


Colloque 1. Animal symbolisé - Animal exploité. Du Paléolithique à la Protohistoire

Sous-thème : C.1. La vie et la mort partagées

Titre : Homme vs animal : une même intention cultuelle dans les dépôts domestiques du Second âge du Fer dans le Bassin parisien ?

Présidents :
DUTOUR Olivier
, paléopathologiste, bioanthropologue, directeur d'études, directeur du laboratoire d'anthropologie biologique Paul Broca de l'École pratique des hautes études, membre du laboratoire PACEA (De la Préhistoire à l'actuel), UMR 5199, CNRS, université de Bordeaux 1, membre de la Paleopathology Association
DUPONT Catherine , chargée de recherche au CNRS, membre de l'UMR 6566, CReAAH (Centre de recherche en archéologie, archéosciences, histoire), université de Rennes 1

Des dépôts d’animaux seuls, entiers et/ou segmentés parsèment la Gaule du Second âge du Fer – et notamment l’actuel Bassin Parisien - sans pour autant s’apparenter à des offrandes alimentaires. Si le dépôt humain en structure d’ensilage est désormais interprété, relevant de l’intention cultuelle que de la relégation de populations de rang inférieure, le rôle de l’animal, associé ou non, sorte de plus-value « sacrificielle », reste encore difficile à décrypter : parfois seul dans un silo, il est souvent associé à un ou plusieurs humain(s) et nombreuses sont désormais ces structures livrant les cadavres de chevaux et d’humains, inextricablement mêlés ou séparés, parfois accompagnés d’un chien. Toutes les combinaisons sont proposées, sans que l’on sache si l’un accompagne l’autre où si les dépôts sont au même niveau d’intention. Certains animaux, notamment le cheval, jouant un rôle déterminant dans le fait religieux celtique, semblent ici magnifier leur relation privilégiée avec l’homme. Mais lorsque les deux dépôts sont réalisés au même niveau, il n’est plus possible d’envisager la notion de défunt accompagné de  « ses » animaux familiers. Ici, pas de hiérarchie quand les dépôts sont entiers voire même lorsqu’il y a système de type pars pro toto : l’os isolé humain peut accompagner un animal entier, de même que le fragment d’animal s’associe au cadavre humain. La présence des animaux et des humains en silos interpelle quant aux raisons de leur mort. Si le sacrifice des animaux est démontrable, il est toujours tendancieux de proposer les mêmes pratiques pour l’humain. Outre la convergence des manipulations post-mortem parfois observées, associant l’animal et l’humain dans une similitude de comportements, la lecture du sacrifice des animaux pourrait-elle renvoyer à la mort violente de l’humain que la seule observation ostéologique ne parvient pas à démontrer ? Si des différences apparaissent entre les humains et les animaux des dépôts, concernant la nature de leur mort, le traitement des cadavres comporte, en revanche, d’étonnantes similitudes pourrissement intentionnel et codifié des chairs, reprise d’os secs, préparation et exposition de fragments osseux sous forme de trophées, …

--
Mme Ginette AUXIETTE, Archéologue à l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), Membre du laboratoire Trajectoires de la sédentarisation à l'État (UMR 8215, CNRS)

--
Mme Valérie DELATTRE, Archéologue à l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), Membre du laboratoire Archéologie, terre, histoire, sociétés (ARTEHIS, UMR 6298, université de Bourgogne / CNRS)