126e congrès, Toulouse, 2001 - Terres et hommes du Sud

lundi 9 avril 2001 - 14:30


Thème 2 : structures politiques et évolution des sociétés

Sous-thème : Cultures et pratiques politiques méridionales

Chapitre : Pouvoir d'Etat et administration au Moyen Age

Titre : Philippe III et la Navarre (1274-1284)

Président : KERHERVE Jean, professeur émérite de l' l'Université de Bretagne occidentale

À la suite de la crise successorale ouverte par la mort d’Henri, roi de Navarre et comte de Champagne (1274), le roi de France Philippe III le Hardi, tuteur de l’héritière de la Navarre, envoya un de ses officiers gouverner le royaume pyrénéen : pendant dix ans, jusqu’à la majorité de Jeanne de Navarre et à son mariage avec le futur Philippe IV le Bel (1284), c’est au nom de celle-ci mais aussi au nom du roi de France que la Navarre fut gouvernée.
Entre occupation militaire et respect des coutumes navarraises, l’administration de la Navarre par les gouverneurs successifs est bien connue, notamment par une série de mandements adressés par le roi à son représentant à Pampelune et qui n’ont jamais été étudiés. À travers ces 204 mandements relatifs aux affaires de Navarre, datés de 1276 à 1282, on peut envisager dans le détail l’occupation de la Navarre du point de vue du gouvernement royal.
C’est d’abord la nature des relations entre Philippe III et le personnel qu’il emploie à Pampelune, à commencer par le gouverneur, qui retient l’attention : ce dernier apparaît très tenu par le gouvernement central, qui, à côté de lui, maintient presque en permanence un envoyé spécial, souvent de rang élevé (le connétable de France, ou quelque baron de haut parage).
La correspondance administrative échangée entre le roi et le gouverneur permet aussi d’appréhender les relations qu’entretient ce dernier avec les nobles navarrais ; bien souvent, le roi traite directement avec eux, en passant par dessus la tête du gouverneur, et se constitue ainsi une clientèle dans ce royaume troublé, dont le rôle militaire, face à la Castille et à l’Aragon apparaît alors en pleine lumière : de ce point de vue, la richesse de la documentation conservée, tant à Paris qu’à Pampelune, rend possible l’étude de tel ou tel exilé castillan passé au service du roi de France, un Juan Nunez de Lara par exemple, qui mène sa guerre personnelle contre le roi Sanche de Castille, mais qui se trouve aussi servir militairement Philippe III.
Dans ces conditions, l’étude de cette série de mandements éclaire à la fois un point d’histoire militaire, l’occupation d’un territoire plus ou moins hostile, un point d’histoire administrative, les relations entre le roi de France et ses officiers, et enfin un aspect méconnu des relations tendues que Philippe III entretint avec les royaumes ibériques, Navarre, Aragon et Castille.


--
M. Xavier HELARY, Maître de conférences en histoire médiévale à l'université Paris IV - Paris-Sorbonne