134e congrès, Bordeaux, 2009 - Célèbres ou obscurs. Hommes et femmes dans leurs territoires et leur histoire

jeudi 23 avril 2009 - 14:00


Thème 2. Hommes oubliés ou obscurs

Sous-thème : A. Ecrits du for privé, mémoires et autobiographies

Chapitre : Carnets et journaux

Titre : Antoine Deidier, son approche expérimentale de la contagiosité de la peste en 1720

Présidents :
LE BLEVEC Daniel
, professeur des universités
GUILLAUME Sylvie , professeur à l'Université Bordeaux III, membre de l'Institut universitaire de France

Antoine Deidier (1670-1746), fils d’un chirurgien montpelliérain, gendre de l’anatomiste Vieussens, fit ses études de médecine à Montpellier et y obtint son doctorat en 1691. Il y devint Professeur de Chimie, poste qu’il occupa de 1696 à 1732. En 1720, il fut membre de la mission médicale chargée par ordre du Roi d’entrer dans Marseille frappée par l’épidémie de peste pour y déterminer la nature du mal et porter secours aux habitants. Son dévouement y fut reconnu comme exemplaire et le Roi lui conféra en récompense le cordon de l’Ordre de Saint-Michel et lui accorda les faveurs de la Cour. Il quitta ses fonctions professorales à Montpellier en 1732 pour revenir à Marseille prendre la fonction de médecin des galères, qu’il occupa jusqu’à sa mort en 1746. Auteur prolifique, il fut critiqué par ses contemporains, dont Jean Astruc, également partisan du contagionnisme, qui le considérait comme étant plus à la recherche de la nouveauté qu’à celle de la vérité. Ses biographes et successeurs du début du XIXème siècle, considéraient ses conceptions comme bizarres, contradictoires et erronées (Biographie universelle de Michaud, 1813 ; Dictionnaire des sciences médicales de Jourdan, 1821).
Ses justes conceptions sur l’agent de la syphilis vénérienne et son approche expérimentale de la peste de Marseille (expérimentation d’inoculation de la peste à des chiens, proposition d’expérimentation humaine sur des condamnés) et ses conclusions de la transmissibilité de la maladie par le pus bubonique ou la bile de cadavre de pestiféré sont ainsi sévèrement commentées près d’un siècle plus tard. Concernant la peste, sa démarche apparaît aujourd’hui comme particulièrement novatrice, même si cette brillante démonstration expérimentale n’est pas soutenue par la même rigueur dans l’analyse et l’interprétation des observations cliniques. Il convient cependant de reconnaître le caractère précurseur d’Antoine Deidier dans sa confirmation expérimentale de la transmissibilité de la maladie, les biographes et historiens de la médecine du début du XIXème siècle ayant injustement douté de l’originalité de sa démarche.


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M. Olivier DUTOUR, Paléopathologiste, bioanthropologue, directeur d'études, directeur du laboratoire d'anthropologie biologique Paul Broca de l'École pratique des hautes études (EPHE), membre du laboratoire De la Préhistoire à l'actuel (PACEA, UMR 5199, université de Bordeaux / CNRS)

Membre des sociétés savantes :
Groupe des anthropologues de langue française, Membre
Groupe des paléopathologistes de langue française, Membre du conseil d'administration
Société d'anthropologie de Paris, Ancien président