137e congrès, Tours, 2012 - Composition(s) urbaine(s)

jeudi 26 avril 2012 - 09:00


I. Les moments

Sous-thème : I. C. Penser la composition urbaine depuis le XVIIIe siècle

Chapitre : I. C. Penser la composition urbaine depuis le XVIIIe siècle - 1 - salle 11

Titre : Aux sources de la planification urbaine française : l’épisode des plans d’Aménagement, d’Extension et d’Embellissement (PAEE) et l’exemple de la ville de Pau

Présidents :
TISSIER Jean-Louis
, professeur de géographie humaine à l'université Paris I - Panthéon Sorbonne
BOURILLON Florence , professeur d’histoire contemporaine à l'UPEC (université Paris-Est - Cultures et sociétés), co-responsable du CRHEC (Centre de recherche en histoire européenne comparée), secrétaire de rédaction de la revue Histoire urbaine

Au commencement du XXe siècle, la France présente dans le domaine de la législation urbaine un retard considérable vis-à-vis de ses principaux voisins européens. Aussi la ville française se développe-t-elle alors sans plan d’ensemble, sans vision globale de l’avenir, ce que regrettent de nombreux « urbanistes » français, décidés à rattraper le temps perdu en œuvrant pour l’adoption d’une réglementation efficace. La plupart d’entre eux se retrouvent au sein du Musée social, société savante créée en 1894 par le comte de Chambrun, dans le but initial de recueillir et de mettre à la disposition d’un plus large public tout document relatif à l’économie sociale. Sa section d’hygiène urbaine et rurale initie de nombreux projets de loi débattus à la Chambre des députés, dont l’idée du plan urbain d’aménagement, d’extension et d’embellissement (PAEE), déjà adopté « dans l’esprit » par différents pays européens, et porté en 1912 par son président, le député Jules Siegfried : toute ville de 10 000 habitants - ainsi que les stations balnéaires, maritimes, hydrominérales, climatiques (à l’exemple de Pau), sportives et autres - susceptibles de voir leur population doubler ou plus en certaines périodes de l’année, seront tenues d’établir dans un délai maximum de cinq ans un plan d’aménagement, d’extension et d’embellissement (PAEE) fixant les caractéristiques des voies nouvelles ou à modifier, les servitudes hygiéniques et esthétiques, l’étendue et les emplacements des jardins publics, squares, parcs et espaces libres, et définissant la superficie des terrains susceptibles d’être construits.
La nécessité de reconstruire les régions dévastées par la Première Guerre mondiale accéléra l’examen de cette proposition de loi. Ainsi, le 14 mars 1919, soit quatre mois après l’Armistice et dix ans après la première proposition de Charles Beauquier, la loi dite Cornudet était promulguée à la va-vite, ce qui engendra par la suite de multiples conséquences bien fâcheuses quant à son application.
Notre communication, reposant sur l’étude de fonds archivistiques communaux, se propose d’étudier comment la municipalité paloise a répondu alors à cette obligation législative. Et comme nous le verrons, malgré le recrutement d’un homme de l’art de tout premier plan, Léon Jaussely, le PAEE palois connaîtra dans les faits un destin des plus chaotiques, caractéristique à l’échelon national de l’application de cette innovante (pour la France) réglementation. À travers cet exemple, notre petite recherche participe de la redécouverte de cette période de tâtonnement de la pensée urbanistique française « pré Chartes d’Athènes », trop longtemps mésestimée.

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M. Jean-Yves PUYO, Géographe, professeur des universités, vice-président de la commission statuant en matière disciplinaire du Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER), membre du laboratoire Transitions énergétiques et environnementales (TREE, UMR 6031, Université de Pau et des Pays de l'Adour)

Membre des sociétés savantes :
Comité national de géographie, Membre
Groupe d'histoire des forêts françaises, Membre
Société d'économie et de sciences sociales, Membre
Société des sciences, lettres et arts de Pau et du Béarn, Membre