141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

mercredi 13 avril 2016 - 09:30


II. L'animal, objet d'étude et sujet de loisir

Sous-thème : II.1. L'animal objet d'étude ?

Chapitre : II.1.2. Fixisme ou évolution ?

Titre : Les fossiles d’animaux et leur rôle dans la découverte de la profondeur des temps géologiques

Président : TABOUELLE Jérôme , conservateur, responsable des collections Sciences de la vie et de la terre à la Fabrique des savoirs-musée d'Elbeuf, coordinateur régional du Patrimoine géologique de Normandie

L’âge de la terre est une question qui n’a reçu de réponse rationnelle que récemment grâce à la découverte de marqueurs physiques de l’écoulement du temps en association avec les marqueurs biologiques que sont les fossiles. Les fossiles d’animaux ont un rôle prépondérant dans ce cheminement de la pensée. De nombreux auteurs antiques signalent la présence de ces restes d’animaux pétrifiés dans les roches. En termes modernes, ces restes sont interprétés comme des indicateurs de milieu attestant la variabilité des limites entre les terres et les mers. Ceci sera malheureusement brouillé par Aristote, qui affirme que ces pétrifications ont pu se former par une sorte de génération spontanée. Après lui, les Pères de l’Église y verront la preuve de la véracité du récit du déluge, la montée générale des eaux et leur reflux expliquant à la fois la présence de restes d’animaux marins au milieu des terres et la solidification du dépôt qui les contenaient. La compréhension de la signification des fossiles progresse peu au Moyen Âge et à la Renaissance. Il faudra attendre le XVIIe siècle et Nicolas Stenon pour que leur nature d’anciens êtres vivants conservés dans des sédiments devenus des roches soit reconnue. L’étape suivante sera la découverte de la succession dans le temps de faunes et de flores. C’est à Alcide d’Orbigny, que l’on doit la première synthèse sur ces successions de faunes et les terrains qui les contiennent (1852). Pour d’Orbigny, chaque étage de cette « stratigraphie » est séparée par une catastrophe qui a fait disparaître la vie à la surface de la terre. Les différences faunistiques s’expliqueraient donc par une suite de réapparitions de novo de la vie sur terre. Le déluge serait le dernier exemple de ces catastrophes. Puis l’évolutionnisme darwinien (1859) s’imposera pour expliquer les transformations de la vie.

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M. Alain COUTELLE, Professeur des universités en géologie en retraite

Membre des sociétés savantes :
Comité français d'histoire de la géologie, Membre
Société géologique de France, Membre