141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

jeudi 14 avril 2016 - 09:30


I. De l'exploitation à la sauvegarde

Sous-thème : I.2. L'habitat de l'animal conçu par l'homme

Titre : La pie-noire, la litière et la crèche : une saisonnalité des bâtiments d'élevage (Damgan, Morbihan)

Présidents :
FLAMBARD-HÉRICHER Anne-Marie
, professeur émérite d'archéologie et d'histoire médiévale de l'université de Rouen, membre du CRAHAM (Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales), UMR 6273, CNRS, université de Caen Normandie, membre et ancienne directrice du GRHIS (Groupe de recherche en histoire), EA 3831, université de Rouen
CHALINE Jean-Pierre , professeur émérite d’université en histoire contemporaine

Débattre des modalités de gestion et de mise en valeur des bâtiments d’élevage constitue un champ classique des traités d’architecture rurale avec les exploitations écoles, les fermes modèles et les instituts agricoles qui dès 1848 développeront une logique productiviste dépendant notamment des animaux fournisseurs d’engrais. Si l’histoire rurale et l’agronomie sont plus familières de ces aménagements et de ces transferts de fertilité, l’ethnologie s’est en revanche très peu intéressée à ce thème de l’habitat animal. À Damgan (Morbihan), jusqu’au milieu du XXe siècle, avant l’apparition de nouvelles races bovines, on ne pouvait imaginer d’aménagement plus rudimentaire que celui des crèches (kraou en breton vannetais) des fermes et des bordages à peine différent de ce qu’il était au siècle précédent : sol le plus souvent en terre battue, une rigole pour écouler le purin et quelques orifices (nalos) en bas des murs. Repartant de l’idée selon laquelle « on n’étudie pas des éléments atomiques qui pourraient entrer, avec leurs propriétés intrinsèques, dans différentes configurations moléculaires, on analyse un système en étudiant comment il s’organise » (Descombes), l'étude des données ethnographiques évitera de considérer la crèche comme un espace isolé et autonome. En m’appuyant sur les aménagements intérieurs et la gestion des litières au sol, cette communication s’intéressera au réseau complexe de techniques, d'aménagements spécialisés et de temporalités révélateur d’un certain type d’organisation sociale régi par la taille des tenures, la saisonnalité et les cycles de mise en pâture et d’assolement où tout était fait pour le bien-être des animaux car « les bêtes, c’est comme un enfant à qui il fallait une bonne hygiène ».

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Mme Sophie LALIGANT, Maître de conférences en anthropologie sociale, ethnologie et préhistoire à l'université de Tours

Membre de la société savante :
Association d'histoire des sociétés rurales, Membre