141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

mardi 12 avril 2016 - 09:30


II. L'animal, objet d'étude et sujet de loisir

Sous-thème : II.1. L'animal objet d'étude ?

Chapitre : II.1.1. Connaître et classer

Titre : Structures élémentaires de l’animalité au Moyen Âge

Président : LE POGAM Pierre-Yves, conservateur en chef du patrimoine, département des sculptures, musée du Louvre

« Il n’y a pas d’animal au Moyen Âge ». Cette proposition provocante invite à penser les catégories à partir desquelles on a parlé des animaux pendant un millénaire. Comme le sens moderne du terme « animal » qui exclut l’homme est largement inusité au Moyen Âge, les sources de la pratique font appel à d’autres catégories, qui relèvent soit de l’ « espèce » support privilégié du discours symbolique et allégorique, soit de catégories génériques comme le « bétail » (pecus) ou la « bête sauvage » (bestia) récurrentes dans le discours moral. C’est une opposition qui est non seulement justifiée théologiquement, mais qui se révèle indispensable pour comprendre l’organisation des pratiques vis-à-vis de la faune, ainsi que d’une part conséquente des représentations figuratives, notamment dans l’art roman. Cette structuration des discours sur l’animalité se fissure à partir du XIIIe siècle, avec notamment la diffusion du terme « beste » en ancien français, qui exclut l’homme, et témoigne d’un profond bouleversement dans les conceptions de l’environnement, en constituant une étape essentielle de la coupure entre nature et culture.

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M. Pierre-Olivier DITTMAR, Maître de conférences en histoire médiévale à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Paris