141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

mercredi 13 avril 2016 - 15:15


Colloque 1. Animal symbolisé - Animal exploité. Du Paléolithique à la Protohistoire

Sous-thème : C.1. La vie et la mort partagées

Titre : Étudier les associations homme-animal dans les sépultures issues de fouilles anciennes : une réflexion épistémologique à partir de la nécropole mésolithique de Téviec (Morbihan)

Présidents :
DUTOUR Olivier
, paléopathologiste, bioanthropologue, directeur d'études, directeur du laboratoire d'anthropologie biologique Paul Broca de l'École pratique des hautes études, membre du laboratoire PACEA (De la Préhistoire à l'actuel), UMR 5199, CNRS, université de Bordeaux 1, membre de la Paleopathology Association
DUPONT Catherine , chargée de recherche au CNRS, membre de l'UMR 6566, CReAAH (Centre de recherche en archéologie, archéosciences, histoire), université de Rennes 1

Les restes d'animaux associés aux ossements humains ont été l'un des premiers témoins qui ont permis, à la fin du XIXe siècle, d'établir la reconnaissance de pratiques funéraires à la Préhistoire. Néanmoins, en l'absence de méthodes de fouilles propres aux sépultures, la variété des relations homme-animal en contexte funéraire ne fut pas toujours clairement identifiée.
Entre 1928 et 1930 Marthe et Saint-Just Péquart mettaient au jour, sur l'île de Téviec (Morbihan), une nécropole exceptionnelle du Mésolithique final. Défunts et animal y sont intimement liés. L’animal y revêt de nombreux statuts qui s'interpénètrent : déchet alimentaire (amas coquillier qui a contribué à la préservation des ossements), élément architectural de la tombe (bois de cerfs recouvrant deux des défunts), « offrande » déposée en périphérie du défunt et élément de parure (coquillages percés et « stylets » posés sur les corps). La fouille de Téviec est extrêmement bien documentée et marquée par des techniques conceptualisées par les Péquart. Elle est aujourd'hui considérée comme un « tournant épistémologique » dans l'histoire de l'archéologie de la mort. Les Péquart sont les premiers à placer le défunt au centre de leur attention et les objets qui lui sont associés ne viennent plus seulement attester l'intentionnalité du dépôt, mais également la complexité des gestes funéraires. Néanmoins, le produit des découvertes s'est retrouvé rapidement dispersé entre cinq institutions françaises, créant une perte de cohérence de cette collection majeure.
À la lumière des difficultés inhérentes à l'étude d'une collection ancienne, cette communication interrogera l’apport de ces documents à la compréhension des pratiques funéraires au Mésolithique final en Bretagne, où la relation homme-animal est prépondérante et témoigne d’un territoire varié au carrefour de différents biotopes marins et terrestres. Elle questionnera également la notion de « tournant épistémologique » en évaluant l’apport des Péquart à la définition des sépultures préhistoriques, entre autres à travers les notions d’« animal-offrande » et « animal-parure ».
Avec la collaboration de M. Arnaud HUREL, ingénieur de recherche au département de préhistoire du Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, membre titulaire du CTHS, vice-président de la section Sciences, histoire des sciences et archéologie industrielle
et de Mme Amélie VIALET, maître de conférences paléoanthropologue au Muséum national d'Histoire naturelle, UMR 7194, université de Perpignan-Via Domitia, CERP (Centre européen de recherches préhistoriques) de Tautavel, membre de la Société d'anthropologie de Paris

--
Mme Pauline FONTAN, Étudiante en Pré- et Protohistoire au Muséum national d'histoire naturelle