141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

mardi 12 avril 2016 - 09:30


Atelier L'animal sauvage et l'homme
Titre : L’ours brun des Pyrénées : un sujet clivant que les ministres prennent soin d’éviter

Présidents :
ROVERE Ange
, professeur émérite du lycée Giocante de Casabianca de Bastia
MORICEAU Jean-Marc , professeur d’histoire moderne à l'université de Caen Normandie

Les ours étaient considérés comme une espèce en voie de disparition dans les Pyrénées jusqu’à une époque récente. Initialement, c’est un arrêté ministériel du 17 avril 1981 qui protège la population ursine. Aujourd’hui, et en partie grâce à l’introduction d’individus venus de Slovénie, on s’est éloigné du seuil critique. Une trentaine d’ours occuperaient actuellement le massif pyrénéen, en deux zones distinctes et d’un peuplement déséquilibré. L’animal est au centre de polémiques et de tensions sociales qui opposent ceux qui le considèrent comme étant nuisible à l’économie pastorale quand d’autres militent pour le renforcement de sa présence, au nom de la biodiversité. Groupements divers et associations font valoir leurs raisons respectives depuis plusieurs années, données statistiques et expertises à l’appui. Lorsque la Commission européenne a adressé à la France, en décembre 2012, une lettre de mise en demeure pour avoir dérogé à ses obligations de protection de l’espèce, l’annonce a ravivé les passions, et chacun fourbit ses arguments. À l’évidence, les ministres français qui se sont succédé à l’Environnement jouent plutôt la carte de la prudence. Chantal Jouanno, secrétaire d’État à l’Écologie, avait suscité la colère des anti-ours… Par la suite, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie, avait décidé de ne rien entreprendre, justifiant sa décision par « un souci de ne pas accabler les éleveurs opposés au plantigrade et touchés par la sécheresse »… Et récemment, en juillet 2014, Ségolène Royal, ministre de l’Écologie en exercice, a contrarié les espoirs des pro-ours en refusant d’autoriser l’installation d’un individu supplémentaire. Entre l’injonction répétée de l’Europe et les antagonismes observés au sein des sociétés locales pyrénéennes, peut-il y avoir un arbitrage ministériel qui fasse consensus ?

--
M. Jean-Paul CALLÈDE, Chargé de recherche au Groupe d'étude des méthodes de l'analyse sociologique de la Sorbonne (GEMASS), CNRS

Membre des sociétés savantes :
Association internationale des sociologues de langue française, Membre
La mémoire de Bordeaux métropole, Membre