141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

vendredi 15 avril 2016 - 09:30


III. L'animal, source d'inspiration

Sous-thème : III.2. Littérature romanesque ; contes et fables ; romans policiers

Chapitre : III.2.2. Contes et fables

Titre : Les infinis pouvoirs de l’animal dans la nouvelle fable du XXe siècle

Président : ROVERE Ange, professeur émérite du lycée Giocante de Casabianca de Bastia

On considère généralement la fable, surtout animale, comme un héritage de La Fontaine. Qu’en est-il vraiment au XXe siècle ? On découvre qu’on déconstruit le mythe et certaines visions figées des animaux par une sorte d’anti-fable. Celle-ci renverse la morale par la raillerie, comme dans les Fables d’Anouilh. Mais il y a aussi comme un déclassement des animaux, une intervention qui, comme s’y complaît Michaux, recrée la Fable des origines. Même la forme se trouve pervertie dans une volonté ludique qui donne des aptitudes insoupçonnées à l’animal, si l’on croit à une « fourmi de dix-huit mètres » ou à une « grenouille bleue ». La fable devient Chantefable. Dans d’autres cas « l’infini des possibles » crée l’absurde et l’angoisse, car autant l’animal que la fable est susceptible d’inattendu, la forme de l’un étant malléable tout autant que la morphologie du genre, preuve en est dans l’emploi renouvelé du proverbe. Les éléments se brouillent, mais on reconnaît pourtant une fable. L’animal peut alors dénoncer, comme L’oiseau de Supervielle, la prison où l’écrivain le conduit, en le réduisant à un symbole ; et Ponge, auteur de Fables logiques prend parti pour un animal juste et vrai pour la « conviction » plutôt que « les charmes ». On ne saurait cependant oublier un des rôles essentiels de l’animal dans la fable d’aujourd’hui : ses particularismes sont un prétexte à donner un art poétique directement ou implicitement : c’est la leçon de L’escargot de Ponge ou des Quatre fascinants de Char. Dans la nouvelle fable, l’animal est donc sorti d’une forme purement figée, symbolique ou simplement morale, pour devenir fascinant, fantastique ou fruit d’une récréation salvatrice. Il est même devenu l’objet privilégié d’un art poétique ou d’une leçon d’esthétique.

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M. Guy LAVOREL, Professeur émérite d'histoire de l'université Jean-Moulin - Lyon III

Membre de la société savante :
Académie des sciences d'Outre-Mer, Membre