141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

vendredi 15 avril 2016 - 09:30


IV. L'animal symbole

Sous-thème : IV.1. Aux origines des symboles de l’Occident

Chapitre : IV.1.1. La métamorphose comme apothéose ou comme châtiment ?

Titre : La femme-taureau et l'homme-oiseau ou l'art de la métamorphose

Président : LE POGAM Pierre-Yves, conservateur en chef du patrimoine, département des sculptures, musée du Louvre

L'art de Dédale donne un corps de génisse à Pasiphaé et des ailes à Icare. L'animalité est un moyen librement choisi, grâce à la métis et la technè, et non une fin subie émanant d'une divinité. Ce mode de production permet à chacun d'entreprendre un projet inaccessible sous sa forme initiale : un amour ou une évasion. La condition humaine est élargie, l'interdit brisé. La transformation, momentanée, n'est ni illusoire, ni réelle, mais un entre-deux, transcendant nature et culture. Ainsi, Pasiphaé, femme-diminuée imitant Zeus, engendre le Minotaure, monstre barbare tué par un Thésée civilisateur. Icare, homme-augmenté d'un attribut divin, chute pour ne pas avoir été à la hauteur, par imprudence ou impudence, sans obtenir la même clémence que son cousin Talos, changé en oiseau par Athéna. Les mythes soulignent donc la séparation, verticale, des règnes animal, humain et divin, tout en entrouvrant un passage, risqué, de l'un à l'autre.

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M. Cyril MARÉ, Doctorant en études psychanalytiques à l'université Paul-Valéry - Montpellier III