141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

jeudi 14 avril 2016 - 14:30


IV. L'animal symbole

Sous-thème : IV.1. Aux origines des symboles de l’Occident

Chapitre : IV.1.2. La centralité ou le rejet des formes hybrides

Titre : Les loups-garous devant la justice (XVIe-XVIIe siècles) – L’hybridité comme mobile du crime « inhumain »

Présidents :
LE POGAM Pierre-Yves
, conservateur en chef du patrimoine, département des sculptures, musée du Louvre
BLAISE-GROULT Marie , responsable des collections des Archives départementales de Seine-Maritime, pôle des archives historiques

Les procès de loups-garous dont l’écho nous est parvenu sont resserrés dans une période historique assez courte (1521 à 1603). Dans cet intervalle, la lycanthropie passe du statut de croyance plongeant dans d’antiques religions teintées de chamanisme, à celui de marque de sorcellerie puis à celui de crime relevant d’une manifestation pathologique, avec circonstances atténuantes. Pierre Burgot et Michel Verdun (1521), Gilles Garnier (1573) sont roués et brûlés. Jacques Rollet (1598) est interné dans un asile, Jean Grenier (1603) finit sa vie dans un cloître. La communication se propose de saisir cet instant historique dans une perspective d’histoire de la criminologie, de réfléchir au statut symbolique de l’homicide « pervers », au XVIe siècle et au tournant du XVIIe siècle. Le meurtre social, condamné mais acceptable, s’explique par l’honneur, le courroux ou la cupidité ; le meurtre inhumain, donc bestial, apparaît inexplicable et il faut lui trouver un sens. Concilier l’homme et l’animal dans un même être hybride ne va pas de soi. C’est ce que s’emploient à faire le démonologue, puis le médecin, et enfin le magistrat qui convertit au final la théorie en pratique judiciaire.

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M. Philippe NIETO, Conservateur, Chef de service de la bibliothèque de la direction des Publics aux Archives nationales