141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

lundi 11 avril 2016 - 16:00


Colloque 3. L’animal et l’homme, nouveaux statuts, nouveaux paradigmes, nouvelles contraintes

Sous-thème : 3.2. Horizon thérapeutique et magico-religieux

Titre : Des animaux, des vignes, des humains : correspondances « naturelles »

Présidents :
DALLA BERNARDINA Sergio
, professeur d'ethnologie à l'université de Bretagne occidentale, Brest
CHEVALIER Sophie , professeur en anthropologie à l'université de Picardie Jules-Verne, chercheur à « Habiter le monde », associé au LAU-IIAC-EHESS (Laboratoire d'anthropologie urbaine - Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain - École des hautes études en sciences sociales), co-directrice de la revue électronique Ethnographiques.org

La présence de l’animal est une donnée prégnante dans la pratique des vignerons « nature », et en particulier auprès de ceux et celles qui travaillent selon les préceptes de la biodynamie. Le cheval du labeur, longtemps serviteur de la cause agricole - puis remisé dans des foires et concours de sauvegarde des espèces pour laisser place à l’ère de la technique et du rendement - a repris une place de choix dans le labour de la terre des vignes ; il arpente désormais les rangs sous le statut de collaborateur de l’humain, duquel a été dissout l’esprit de domination. Il s’agit pour l’un et pour l’autre de mettre en œuvre un dialogue des sens, qui au-delà de la praxis elle-même, doit entrer en résonances avec le végétal. Mais le cheval n’est pas le seul à interagir avec l’humain et son environnement : ânes, moutons, vaches, abeilles, entre autres représentants de l’animalité, participent à l’équilibre de l’écosystème des vignes, de leur vivant mais aussi après avoir trépassé, puisque certains organes ou attributs de l’animal servent d’enveloppes (contenant) à des fleurs ou de la bouse de vache (contenu) pour l’élaboration de préparations biodynamiques ; lesquelles seront reversées à la terre et au végétal sous forme d’humus après hibernation ou estivation selon les cas. Cette chaîne biologique dans laquelle l’humain prend sa place s’inscrit dans une dimension holiste au regard de la nature, et développe un système de correspondances basé sur des formes de communications infra verbales.

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Mme Christelle PINEAU, Doctorante en ethnologie à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS)