141e congrès, Rouen, 2016 - L'animal et l'homme

vendredi 15 avril 2016 - 09:30


IV. L'animal symbole

Sous-thème : IV.1. Aux origines des symboles de l’Occident

Chapitre : IV.1.1. La métamorphose comme apothéose ou comme châtiment ?

Titre : Le mythe de Callisto est-il un viol animalisé ?

Président : LE POGAM Pierre-Yves, conservateur en chef du patrimoine, département des sculptures, musée du Louvre

Cette communication interrogera la façon dont Ovide raconte le mythe de Callisto, en regard avec d'autres récits mythiques de viols, comme ceux de Daphné (transformée en arbre) et de Io (transformée en vache), par l'analyse du vocabulaire employé dans les passages clés du mythe. Ovide présente une Callisto (femme) qui appartient au monde sauvage, celui de la nature et des animaux, celui des vierges chasseresses associées à Diane, déesse des animaux, qui se placent en dehors de la société patriarcale en s'affranchissant de ses codes et usages. Le viol, décrit comme un acte de domestication (au sens d’entrée dans la civilisation et de dressage animalier), est un acte animal dans sa brutalité, qui aboutit à une « animalisation » : la métamorphose de Callisto. Cette métamorphose, assimilée à un châtiment, réintègre Callisto dans la société patriarcale, où elle subit les conséquences de sa « faute », puisqu'elle se retrouve d’une part chassée du milieu dans lequel elle vivait (la troupe de Diane semblable à une meute, qui la voit désormais comme une intruse) et d’autre part châtiée par Junon, qui représente l'autorité de la société et la transforme en un animal d’apparence monstrueuse, une ourse. Abandonnée de tous, Callisto vit dans la peur ; elle devient gibier, traquée par son propre fils. C’est là qu’intervient Jupiter qui, par le catastérisme, fait de la métamorphose punitive un signe d’élection.

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M. Pablo Ivan DIAZ, Enseignant, lecteur de langue et doctorant à l'université de Bourgogne