143e congrès, Paris, 2018 - La transmission des savoirs

jeudi 26 avril 2018 - 14:00


II.b. Les bibliothèques populaires
Titre : Les ouvriers, les femmes et l’éducation par le livre dans le projet politique de Flora Tristan (1803-1844)

Présidents :
LE GOFF Armelle
, conservateur général du patrimoine honoraire aux Archives nationales, Paris
JOLY Gérard , ingénieur de recherche émérite au CNRS

Cette communication propose de revenir sur le projet d’éducation élaboré par Flora Tristan au début des années 1840. Flora Tristan (1803-1844), qui se voulait l’« apôtre » de la classe ouvrière, peut aussi être considérée comme l’une des premières féministes. Dans sa brochure l’Union ouvrière, parue en 1843, elle propose aux ouvriers et ouvrières un programme d’éducation par le livre devant les mener à prendre conscience des inégalités et à se mobiliser contre elles. Ce projet est significatif à plus d’un titre : d’une part, il s’inscrit dans un contexte de vifs débats sur l’éducation du peuple et de formulation des projets socialistes (fouriéristes, ouvriers, etc.). Grande lectrice elle-même, Flora Tristan en reprend certains principes tout en les déplaçant : nourrie par une expérience personnelle largement autodidacte, elle pense l’éducation par le livre dans un lien direct entre le lecteur et l’objet, largement dégagé de la relation maître à élève. Elle décrit alors concrètement les modalités de cette émancipation intellectuelle (quels livres, quels usages, dans quelles conditions). D’autre part, elle pense conjointement l’éducation des femmes et des hommes du peuple, première étape vers l’égalité des sexes, comme en témoigne sa correspondance avec une jeune blanchisseuse lyonnaise, Éléonore Blanc. Enfin, elle tente de concrétiser son projet lors de son tour de France entrepris en 1843-1844, ce dont elle rend compte de manière détaillée dans son journal intime. À partir de ses écrits théoriques, de son journal et de sa correspondance, nous souhaitons donc mettre en avant le caractère novateur de ce projet par rapport aux autres projets socialistes des années 1840, ce qui lui a valu d’être une référence lors de la fondation des premières bibliothèques populaires dans les années 1860.

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Mme Isabelle MATAMOROS, Doctorante attachée temporaire à l'enseignement et à la recherche (ATER) en histoire contemporaine à l'université Lumière-Lyon II, Membre de l'Institut d'histoire des représentations et des idées dans les modernités (IHRIM, CERLIS / université Paris V - Paris-Descartes